L’Opéra. Un endroit où le calme des spectateurs et la beauté du spectacle se mêle avec aisance et légèreté. Un endroit où il était si simple de venir se reposer tout en profitant d’une distraction aussi bien visuelle qu’auditive tout simplement exquise. Un endroit où Mariko se rendait assez souvent. Certes c’était un endroit fermé et sans eau à proximité, mais le calme et la beauté qu’on pouvait voir et ressentir dans cette pièce valait le coup. Du moins c’était l’idée de départ. Après avoir passé une journée à errer sans réellement savoir quoi faire, Mariko avait décidé de se changer les idées. Son attention s’était alors portée sur l’Opéra. Qu’y jouait-on ce soir ? Mmmh.. Carmen. Parfait. La musique, les comédiens, tout dans cette pièce était magique.

La Créature se posta devant sa penderie et jeta un coup d’œil rapide dans ses robes de soirées. Ah celle-là. Elle appela l’Opéra, s’arrangea pour avoir une très bonne place pour ne pas être dérangée et alla faire un tour sous la douche avant d’enfiler sa robe. Du violet. Quelle magnifique couleur. Simple tout étant extrêmement élégante, Mariko laissa ses cheveux brun détachés. De toute manière ils étaient trop courts pour qu’elle en fasse quelque chose. Elle glissa alors ses pieds dans une paires de chaussures très classes à talons noires, attrapa un châle noir/transparent, puis se regarda dans le miroir. C’était exceptionnel. Elle n’avait pas été comme ça depuis tellement de temps. Une boule monta dans sa gorge avant qu’elle ne s’oblige à reprendre le contrôle de soi-même. Elle était forte. Elle était résistante. Elle était l’unique Léviathan restant. Elle représentait sa race. Elle devait tenir. D’un geste elle attrapa sa pochette et sortit de sa chambre d’hôtel, telle une reine.

Ce fut un taxi qui la déposa devant l’Opéra. La jeune femme remarqua à peine les regards impressionnés et envieux qui se dirigèrent instantanément vers elle. Non pas qu’elle soit très connue, mais la voir ainsi pouvait largement rendre envie et jaloux n’importe quelle femme. Et rendre les hommes complètement abrutis. Arrivée devant le guichet, elle récupéra sa place réservée et s’avança dans l’immense bâtiment. Il fallait l’avouer, il était tout simplement grandiose et magnifique. Son regard se porta sur la scène quand elle entra dans la salle et elle ne put s’empêcher de rêvasser un instant. Et si il était là lui aussi ? Une simple soirée en amoureux au théâtre, avant de rentrer et profiter de l’euphorie de la soirée ? Quelle idée alléchante et troublante. Mais non, ressaisie toi ma pauvre ! Il n’est plus là, tu es seule donc stop. Avec des mouvements souples et gracieux, Mariko rejoignit son siège sans accorder un seul regard à sa voisine. Juste en la voyant pour venir, Mariko s’imaginait déjà le scénario. Cette petite avait des étoiles pleins les yeux. Sans doute était-elle une fan d’Opéra, ou alors c’était un cadeau, ou qu’importe qui elle était. C’était une rêveuse, qui laisserait l’émotion la gagner en un rien de temps. Contrairement au cœur de pierre qui habitait en creux de la cage thoracique de Mariko.

Non, Mariko avait perdu son cœur bien longtemps auparavant. Et elle ne le retrouverai sans doute jamais. Jamais.