Vous souffrirez mille morts

Aion † Walker

Je souris à Andréas. Je savais qu'il allait me suivre dans ma tentative légèrement suicidaire d'importuner un maximum l'ange qui était devenu mon adversaire. Notez que j'ai bien dit légèrement. Disons que j'avais fait pire dans ma vie, mais il semblerait que cet ange ne soit pas comme les autres. Il dégageait une aura similaire à celui venu de l'Occident, ce qui devait sûrement être dû à leurs puissances qui devaient être les mêmes ou presque. Quelque part, je me félicitais d'avoir tenu tête aussi longtemps à de tels anges qui n'avaient vraiment pas l'air d'être nés de la dernière pluie, comme on dit, et je continuais d'ailleurs à le faire. Enfin, peut-être n'était-ce pas le moment de se flatter autant, il y avait des priorités dans la vie, et c'était le cas en ce moment.

Entraînant donc mon compère aïon, mais sans le forcer évidemment, vers le soldat de Dieu qui n'avait pas l'air ravi de me voir tenir le choc aussi longtemps (heureusement, c'était le but de l'énerver un maximum), je barrais la route à ce dernier, le défiant du regard, laissant une petite phrase dans l'air, qui n'avait aucune prétention, mais qui allait sûrement réveiller ses instincts de fier combattant. Néanmoins, ma rapidité n'était plus ce qu'elle était il y a quelques heures de cela, et je n'eus même pas le temps de réagir lorsqu'il apposa sa main contre mon front, l'effleurant légèrement. Ce simple contact, qui fut bref mais brusque, n'était pas ordinaire. Mes os brisés laissèrent échapper un craquement unique qui se voulait presque sinistre, et je ne retins même pas une grimace de douleur. Mais je ne pouvais toujours pas échapper à son emprise. Je sentais ma peau brûlée redevenir pâle et lisse, mes os retrouvèrent la place qui leur était légitime et mes plaies d'où s'échappait un mince filet de sang se refermèrent lentement.

Retrouvant un corps totalement soigné, les seules imperfections étant les cicatrices datant de mon enfance et l'hideuse marque se trouvant sur mon cou, j'étais totalement déconcerté. Depuis quand votre adversaire prenait le temps de vous guérir ? Je n'avais pas la prétention de pouvoir le tuer, même si ce n'était pas l'envie qui manquait, mais je pouvais tout de même l'amocher un peu. Etait-ce qu'il voulait ? Puis je compris. Ma respiration était laborieuse et mes jambes, tremblantes, supportaient difficilement tout le poids de mon corps. Au moment où mes genoux allaient heurter le sol, je sentis deux mains sur mon corps pour pouvoir l'arrêter dans sa chute. Andréas. Mais quelques secondes à peine plus tard, je l'entendis hurler de douleur et nous tombions tous deux au sol.

La suite, je n'y faisais que très peu attention. J'entendais des voix venir ici et là, de n'importe quel endroit du centre commercial dévasté, mais je me fichais bien de ce qu'elles pouvaient dire. Le poing serré sur ma chemise, à l'endroit précis où se trouvait mon coeur, je levais difficilement les yeux vers une silhouette qui m'était légèrement familière. Je ne pouvais l'identifier, mais son arrivée avait fait son effet. Totalement inoffensif, je ne pouvais approcher le champ de bataille se trouvant plus loin, même si j'en mourrais d'envie. Je pouvais à peine bouger, considérablement affaibli. Je levais une main et saisissais alors fermement le bras d'Andréas. Je ne prononçais pas un seul mot, trop occupé à essayer de respirer correctement, mais je lui intimais silencieusement de rester à mes côtés. Je tenais à l'aïon, en vérité. S'il allait là-bas, il se ferait massacrer, certainement. Seulement, je ne pensais pas pouvoir supporter encore la mort de quelqu'un de ma race et surtout d'un ami comme lui. Pas maintenant. J'espérais seulement que Tomoya n'était pas dans les parages lui aussi...

Angel † Ancient A.D.M.I.N.I.S.T.R.A.T.E.U.R

Ma vraie voix. Je ne l'utilisais presque jamais. Elle représentait l'avertissement ultime, le fil rouge de ma patience, et je pensais que cela suffirait à dissuader l'Ange de l'occident... mais aussi à apaiser la tension palpable qui régnait dans cet endroit.

Je me trompai.

« Mr Sakuya... »

« Comment oses-tu t'adresser à lui de cette manière, traître ?! Tu te soumets à un Séraphin mais refuse ton Dieu ? Tu mériterais que je t'envoie en Enfer sur le champ ! »

Je posai qui se voulait rassurante une main sur l'épaule de Chul Hei, à la fois pour le retenir de répliquer et pour le calmer. Il n'avait rien à craindre à présent. Inutile pour lui de s'exposer plus.

Cependant, Takuya s'énervait.

« Quel affront ! Quelle honte ! Vous êtes tous des traîtres, tous autant que vous êtes ! Vous ne méritez que la mort ! » hurla-t-il de rage dans une déflagration d'énergie. « Comment le Seigneur a-t-il pu poser les yeux sur des créatures aussi infâmes que vous... Vous me répugnez... »

- Takuya. Cela suffit. me contentai-je de dire, ignorant son venin vis à vis de ses pairs.

Mais il ne m'écoutait plus. Une faible variation de son aura attira mon attention. Il était désorienté. Mon regard suivit le sien vers son serviteur. Je compris alors.

« Doit-on rompre le contrat maître ? » demanda celui-ci d'une voix à la neutralité parfaite.

« Toya... Je déteste demander ça, souffla alors Takuya à mon attention, un pincement dans sa voix. mais... » Il se retourna vers moi et son regard m'interpella tant j'avais peu l'habitude de le voir ainsi : « Aide-moi. »

Sans un mot, ni détourner mon regard de lui, j'acquiesçai.

- Shin. Reste auprès de ton maître. Tu n'as nulle mission à accomplir ici.

Puis, présentant mon dos à cet Ange qui avait fait tant de dégâts, non sans savoir que ce geste serait interprété comme un acte de mépris, je me tournais vers tous les Anges, Démons et Aions présents. La petite Démone reprenait des couleurs. Bien.

- Tous, autant que vous êtes. Vous vous êtes bien battus, mais votre lutte s'achève ici. Votre destin n'est pas de mourir ici. Vous avez encore tant à faire...

"C'est toi."

Enfin, il avait pris la parole. Je tournais doucement les talons pour lui faire face.

"Carlyle m'a parlé de toi. C'est à cause de toi si nous sommes là. Parce que tu n'as pas fait ce pour quoi notre Père t'a créé. Et maintenant tu voudrais m'arrêter ?" clama-t-il. "Toi aussi, tu as trahi ?"

Son expression changea en une seconde, et son énergie se mit à croitre. Le fou. Que croyait-il pouvoir faire face à mon autorité. Aussi bafouée fut-elle par ces Anges insolents, j'étais en droit de défendre ma Terre, ma responsabilité.

A mes côtés, je sentis Chul Hei s'animer à nouveau. Son aura si pure débordait de ferveur. Il me rappelait tant celui que j'étais autrefois que j'en fus attendri un instant.

« Ce n’est pas à toi de prendre les responsabilités de cette ville... et quelle que soit la décision prise par l’ange millénaire... nous lui devons obéissance. Rayer cette ville de la carte provoquerait l’apocalypse... et ce n’est pas encore le moment... me semble-t-il... »

- Chul Hei... Cela suffit. [...] Merci.

L'énergie de l'Ange s'était décuplée. Il était temps de réagir. L'heure n'était plus à la discussion.

- Je veux que tu transmettes quelque chose à ton maître Séraphin, commençai-je, en m'avançant vers cet Ange qui l'avait l'impudence de vouloir lever la main sur moi.

Une seconde plus tard, je le tenais par la gorge, son visage au près plus du mien, tenant sa mâchoire si fermement qu'elle craquait sous ma poigne. Des effluves d'énergie commencèrent à s'échapper de mon enveloppe. Je transpirai la puissance. Ma patience se consumait comme papier au feu. Il n'était hélas plus temps de songer à garder mon sang froid...

- Ecoute bien et transmets-lui ceci, continuai-je à voix basse, la colère se distinguant aisément dans ma voix. Tu as osé venir ici et souiller cette Terre qui m'a été confiée. Tu as osé menacer le fragile équilibre des forces du Bien et du Mal que j'ai construit avec peine. Tu as osé manquer de respect à nos us et coutumes en violentant tes frères et en bafouant nos protocoles. Rien n'a été fait dans les règles. Au nom des années de sagesse qui m'ont été offerte et au nom de Notre Père qui m'a tout enseigné, je ne peux le permettre. Vous périrez...

Une lumière aveuglante filtrait désormais par les pores de ma peau et par mes yeux.

- ... si vous vous entêtez.

Libérant mon énergie subitement, celle-ci explosa contre cette obstacle que je maintenais encore par la machoire quelques secondes plus tôt. Au loin, de la pierre s'effrondra par tonnes, lourdement, provoquant un séisme miniature dont le grondement résonna dans le centre commercial.

Mon aura retomba immédiatement, soudain calmée par l'absence de la menace qui m'avait sortie de mes gongs. Notre adversaire n'était plus... mais je le savais toujours vivant. Nous nous rencontrerions certainement à nouveau...

Un soupir déchirant m'échappa. Comment en étions-nous arrivés là ? Anges contre Anges. Cela n'avait pas de sens... J'inspirai une grande bouffée d'air frais. Un apaisement étrange me saisit et me fit oublier le regret de mon acte. Cet air frais, à l'odeur de poussière, je l'avais préservé, ainsi que toutes ces créatures qui le respire aussi. Cela me suffisait.

Me retournant vers les braves qui étaient intervenus, je les considérais un moment. Qui aurait cru... qu'une telle Alliance serait possible ?... Qui ?

Angel † Keeper

« Doit-on rompre le contrat maître ? »

La voix de Shin résonna dans ma tête comme une malédiction. Rompre le contrat... C'était quelque chose qui ne nous arrivait que très rarement. C'était une douloureuse et brûlante sensation d'échec, le sentiment d'avoir fait une erreur, quelque chose qui m'était presque inconnu. Et pourtant, je devais m'y plier : nous devions rompre le contrat, ou c'en était fini de moi ou de Shin, voir pire, de nous deux. Ce qui justifiait grandement mon appel à l'aide, Toya devait me sortir de la toile d'araignée dans laquelle le Héraut avait fini par me piéger.

Lorsque Toya m'accorda son aide, je sentis la lumière m'éclairer. J'avais fait une erreur, et sa grandeur me montrait le chemin pour l'accepter. Il fut celui qui brisa le contrat sur la tête d'Owen. Lorsque mon serviteur revint à mes côtés, j'en profitais pour m'appuyer sur lui, faible et perdu. J'avais du mal à filtrer les informations, perturbé par la lumière du Séraphin et la colère qui se dégageait de l'ange de l'occident.

Il se rebellait contre un Séraphin. Cet ange avait choisi son camp, tout comme les démons et humains qui étaient intervenus. Tout comme ces abominations d'aïon, et ces traîtres d'anges... Si Toya ne m'avait pas arrêté, je leur serais venu en aide de ma propre main, pour ensuite mieux les exterminer... L'occasion avait été si belle et encore une fois je m'étais fait usurper ma place au dernier moment... J'étais las de toutes ces injustices. J'étais triste, et en colère, après les autres anges, après les traîtres, peut-être même après notre Père. Pourquoi m'infligeait-Il tant de tentations ? J'avais choisi mon camp, mon camp était le Sien, mais voulait-Il encore de moi dans sa divine armée ? Peut-être étais-je devenu inefficace. Peut-être étais-je devenu faible. Mais Owen n'aurait ni ma place, ni mon chien, comme il allait mourir de la main de Toya.

Il y eut un crescendo de lumière et de puissance pendant que le Séraphin transmettait un message à son homologue occidental.

Nous ne voulions plus d'eux. Moi non plus. Il y avait bien assez de moi pour faire régner l'ordre sur ces terres. Ils venaient ruiner notre équilibre qui pourtant se tenait jusqu'à présent.

Il n'y avait qu'une solution pour faire fuir ces émissaires indésirables – et autant que je puisse apprécier Carlyle, il restait plus efficace sur ses propres terres ; il fallait que je redouble d'efforts, que je bannisse plus de traîtres, que je m'impose et détruise tous ceux qui s'opposeraient à Dieu.

Je prêtai serment silencieusement de ne plus jamais céder à telle vile tentation, et admirai l'aura de Toya s'atténuer jusqu'à retomber à son niveau habituel.

Mon regard se perdit jusqu'à trouver Shin. Mon fidèle ami. Finalement, peut-être que l'intervention de Toya n'était pas plus mal. Je n'aurais pas pu imaginer les représailles qui auraient pu s'abattre sur nous... Sans Shin, étais-je vraiment quelque chose, en fin de compte ?

Angel † Keeper

Je savais que je n'avais pas la puissance nécessaire pour m'opposer à cet ange-là. Carlyle l'avait rencontré. Il m'avait parlé de lui... m'avait dit que si je le voyais, je ne devais pas engager le combat. Mais c'était une occasion en or de prouver ma valeur à Dieu, châtier ce Séraphin si faible d'esprit et de volonté, et qui plus est discréditer Carlyle. Je l'entendis prononcer quelques mots, mais n'écoutai pas, trop occupé à rassembler mon énergie. Et soudain, il était là, sa main cramponnée à moi, son visage à quelques centimètres. J'ancrai mes yeux dans les siens et vit ma mort. Oh, non, pas ma mort... une mort éventuelle, dirons-nous. Il ne voulait pas tuer. Il ne pouvait pas, parce qu'il n'en avait pas le droit, et il ne voulait pas, parce que, comme Carlyle l'avait dit, il manquait de détermination. Contrairement à moi. Tout ce qu'il me manquait, c'était un peu de puissance... j'étais si proche, si proche de le tuer, mais je ne pouvais pas, pas plus lui pouvait me tuer.

- Ecoute bien et transmets-lui ceci. Tu as osé venir ici et souiller cette Terre qui m'a été confiée. Tu as osé menacer le fragile équilibre des forces du Bien et du Mal que j'ai construit avec peine. Tu as osé manquer de respect à nos us et coutumes en violentant tes frères et en bafouant nos protocoles. Rien n'a été fait dans les règles. Au nom des années de sagesse qui m'ont été offerte et au nom de Notre Père qui m'a tout enseigné, je ne peux le permettre. Vous périrez...

Ses paroles m'arrachèrent un sourire alors même que je sentais son énergie courir sur ma peau de façon désagréable et mon enveloppe humaine commençait à être écartelée, comme si sa puissance seule suffisait à la faire éclater. Les règles... venant de lui, c'était plutôt drôle. Et pourquoi s'accrocher à un équilibre dont le destin avait été scellé ? Dieu, en annonçant l'Apocalypse, avait changé les règles, et avait bouleversé l'équilibre. C'était ainsi que les choses allaient être, à présent. Et avant qu'il ne laisse éclater sa colère contre moi, j'ouvris la bouche, et ma voix porta, non seulement à lui, mais jusqu'aux autres, aux anges, aux aïons, aux démons et même aux humains qui se trouvaient autour de nous :

- Entendez-moi... la guerre est déclarée. Tout commence maintenant.

J'eus le temps de disparaître avant que l'attaque du Séraphin ne m'atteigne. De justesse. Envoyé dans des limbes distordues par l'énergie que j'avais mis à m'échapper et celle de Toya quand il avait voulu m'attaquer.

Mais qui l'eut cru ? Je sentis l'aura de Carlyle, près de moi. On aurait tout vu...

Fin

Owen s'enfuit, chassé par Sakuya Toya.

Ses dernières paroles se gravent dans vos esprits comme dans la pierre et vous ne pourrez pas les oublier.

Vous pouvez continuer à interagir entre vous dans ce sujet, soigner vos blessés, discuter, vous battre si vous avez des comptes à régler.

Angel † Keeper

Rompre le contrat, cela n'arrivait que très rarement, voire quasiment jamais. Takuya détestait arriver à de telles extrémités. Rompre un contrat, si cela se savait, pouvait apparaître comme un manque de jugement de sa part, et ses ennemis politiques n'hésitaient pas à le lui rappeler. Shin ne savait donc pas que faire: il était loin d'être idiot et savait que la situation était on ne peut plus délicate. Si Takuya brisait le contrat, ce serait reconnaître son échec. Mais s'il perdurait, il serait dans une situation gênante vis-à-vis de Sakuya Toya et Shin ne pourrait éradiquer tous les témoins.

Il sentit son maître, las, s'appuyer sur lui et resta immobile, lui apportant le support demandé. Heureusement pour eux, le Séraphin leur évita d'avoir à prendre une décision. Il voulut faire disparaître l'Occidental, mais celui-ci fut plus rapide et réussit à fuir non sans laisser son message dans l'air:

« Entendez-moi... la guerre est déclarée. Tout commence maintenant. »

La guerre était donc déclarée ? Intéressant. Une guerre était idéale pour balayer les traîtres de ce monde. Nul doute que son maître et lui-même aurait du travail. Mais pour le moment, ils n'avaient plus rien à faire ici. Shin jeta un coup d'oeil à Takuya pour juger si celui-ci avait besoin de lui. Face à son mouvement de tête négatif, il partit s'enquérir de l'état de Rin. De loin, il la vit rejoindre l'extérieur avec l'Héraut: elle était en sécurité. Il pouvait partir en paix.

Devil † Walker

Je pense être en train de rêver. Ce n’est pas possible. Je cligne des yeux plusieurs fois mais je vois toujours l’Ange de l’Occident, Owen qu’ils l’appellent en train de se préparer à attaquer le Séraphin. Mais il est malade ?

En sentant l’aura du Séraphin se déployer, je commence à avoir peur, vraiment peur. On risque tous de mourir si sa colère devient trop incontrôlable. Par instinct de conservation, je commence à reculer en gardant les yeux bien devant pour avoir un aperçu non-stop de la situation. C’est alors que le Séraphin attrape Owen par le coup et déverse son aura de puissance. Alors qu’il s’apprête à mettre une bonne raclée sans le tuer, Owen réussit à s’enfuit en nous laissant quand même un petit message.

« Entendez-moi... la guerre est déclarée. Tout commence maintenant. »

Bon, ben je crois que le message est clair. Il va revenir, et plus déterminé que jamais. Faut toujours qu’ils en rajoutent. La vague de puissance du Séraphin, elle, c’est égarée sur les décombres de l’immeuble.

Quand l’Ange se retourne dans notre direction à tous, la panique m’envahit. Pourtant il m’a sauvé, il devrait nous laisser la vie sauve. Mais je préfère ne pas lui laisser le temps de changer d’avis.

« Je voulais juste sauver les humains, je le jure. »

Voila mes paroles implorantes avant de m’enfuir le plus rapidement possible de cet endroit maudit où j’ai bien failli mourir pour de bon cette fois.

Angel † Taboo

Je le savais pertinemment, ce n’était que le début et nous allions tous subir des dégâts plus importants, nous allions tous risquer nos vies plus férocement. Nous allions tous être jugés et pourchassés... comme des bêtes, pour avoir défendu l’humanité, ou par nos conditions, démons pour certains, aions pour d’autres. C’était injuste.

Je remerciais intérieurement Sakuya Toya pour son intervention, j’allais devoir lui expliquer la situation, de mon point de vue en espérant qu’il ne m’ait pas déjà condamné. J’avais tout intérêt à lui dire la vérité, comme je l’avais toujours fait en espérant qu’il me croit.

Mais à l’heure actuelle, ignorant les menaces faites par notre « frère » occidental, je me dirigeais vers Andreas et Ji Hoon pour constater les dommages, essayant de relever le pauvre Ji Hoon... nous allions repartir ensemble, qu’il le veuille ou non. Andreas pouvait également se joindre à nous, il y aura surement une réunion après ce massacre.

« Ji Hoon, Andreas, vous allez bien ? Venez avec moi... on rentre. »

C’était catégorique, ils ne resteraient pas avec Toya... ni son serviteur, ils venaient avec moi et si une soirée de répit ne m’était pas accordée à mes amis et moi, je pense que je ne pourrais plus me contrôler. J’avais de la peine... oui, de la peine pour cet ange qui peu à peu sombrait dans la folie, il ne comprenait plus... il ne savait plus ce que Dieu voulait, il ne savait plus ce dont il avait besoin...

« Ji Hoon n’est plus capable d’aider, il a besoin de soin... Andreas, essaye de prévenir les urgences si ton téléphone n’est pas HS... mais tu ne restes pas non plus. C’est dangereux. Ça n’est pas terminé. »

Je ne précisais pas pourquoi. Mais il le savait pertinemment. S’ajoutait à cela ma dépression passagère, tous ces corps étendus sur le sol, baignant sous les décombres. J’espérais que ceux qui deviendraient ange ne feraient pas la même erreur. Je ne pouvais pas comprendre qu’un ancien humain condamne ses cadets. C’était une évidence... nous étions tous condamnés, car, lorsqu’il n’y aura plus d’hommes... les anges tués seront morts à jamais et en nombre, plus faible, les démons seront eux aussi menacés et qui restera ? Plus aucun... nous étions tous condamnés.

Human † Innocent

Depuis l'endroit où Takeru-kun l'avait emmenée, Rin ne pouvait pas voir les combats. Sa surdité, due à l'explosion, l'empêchait aussi d'entendre quoi que ce soit. Elle ne pouvait qu'attendre, impuissante, que les secours ne viennent les chercher.
Takeru jetait régulièrement des coups d'œil derrière l'immense colonne de béton couchée au sol qui leur cachait la vue... Il guettait très certainement les équipes de secours qui ne devaient plus tarder à arriver.
Assise par terre, Rin avait du mal à se remettre de ses émotions. Même si ses blessures avaient été mystérieusement guéries par l'homme politique, elle était faible, épuisée, et apeurée. Elle n'apercevait plus la silhouette d'Inoue-san parmi les décombres... Où était-elle ? Le dirigeant l'avait-il elle aussi aidée ? Peut-être que quelqu'un s'occupait d'elle aussi, maintenant.
La jeune japonais priait aussi silencieusement pour que sa mère ait réussi à s'échapper du centre commercial. Elle avait été parmi les premières à s'enfuir... Il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne soit pas saine et sauve, n'est-ce pas ?
Et Shin... Était-il vraiment présent sur les lieux, ou bien avait-elle rêvé ? Dans la panique, elle avait peut-être simplement imaginé sa présence... Mais il semblait tellement réel. Les traces de sang qu'elle avait laissé sur sa chemise quand elle s'était agrippée à lui... La façon dont il avait repoussé la femme qui lui voulait du mal... Tout cela ne ressemblait pas à un rêve, tout cela semblait beaucoup trop réel. Shin était là, il s'était tenu devant elle, puis il avait disparu. Mais il y avait, dans la perfection immaculée de son apparition, quelque chose qui laissait entendre à Rin qu'il n'était pas blessé. Il semblait être arrivé sur les lieux après le gros des explosions et éboulement. Il semblait intouchable, presque indestructible, comme si rien ni personne ne pouvait l'altérer. Lui qui paraissait si délicat, calme et sophistiqué, terre à terre... Il lui était apparu comme irréel, voire même, d'une certaine façon, immatériel, comme au dessus de tout ce chaos. C'était un sentiment étrange, que la jeune fille n'avait jamais ressenti auparavant.

Le sifflement dans les oreilles de Rin se faisait oppressant. Dans une telle situation, la perte de l'un de ses sens suffirait à dérouter le plus vaillant des combattant. Il y avait, au fond de sa poitrine, comme une déchirure. Rien d'inquiétant, cela s'apparentait aux crises dont elle avait l'habitude. Et cela n'était pas plus désagréable que le silence absolu dans lequel elle était plongée.
Les lèvres de Takeru-kun bougeaient, mais Rin n'arrivait pas à déchiffrer ses paroles. Il parlait beaucoup trop vite pour qu'elle ne puisse lire sur ses lèvres. D'un geste, elle saisit son poignet pour le faire taire.

- Je ne t'entends pas, Takeru-kun ! Je n'entends plus aucun son !

Sa voix devait être étrange. Malgré elle, elle faisait de gros efforts pour articuler, et parler très fort. Elle ne savait pas si les explosions étaient toujours aussi fortes, si les éboulements couvraient le son de sa voix. Alors elle se devait de se faire entendre. Au regard que lui lança le jeune, elle su qu'il avait compris qu'il ne servait à rien de lui parler. Elle serra le poignet du jeune homme entre ses doigts, pour attirer son attention, et d'un hochement de la tête, elle le remercia.

Combien de temps avaient-ils passer derrière leur colonne, à attendre les secours ? Rin n'en avait aucune idée. Elle était trop faible pour se lever et guetter, comme Takeru, ce qu'il se passait de l'autre côté. Les deux jeunes hommes qu'elle avait aperçu un peu plus tôt... Se battaient-ils toujours avec le mystérieux occidental ? Ou avaient-ils réussi à fuir ? Aihara Takuya, que faisait-il ? Était-il à genoux, auprès de chaque victime, s'efforçant de soigner leurs blessures ? Si c'était bel et bien le cas, alors il avait remporté la voix de Rin pour les prochaines élections. Rin se promis d'en demander plus à son sujet à Takeru dès qu'ils seraient sortis d'ici.
Et Shin ? Pourquoi était-il là ? Que faisait-il dans ce centre commercial, au milieux des décombres ? Il ne pouvait pas être là sans raison, Shin n'était pas le genre de personne à faire des choses au hasard, ou à prendre des risques inutiles.

Takeru commença soudain à s'agiter. Il semblait ne plus tenir en place, lançant constamment des regards par dessus la colonne effondrée, avant de se tourner vers Rin, un grand sourire satisfait s'étalant sur son visage. « C'est fini », réussi-t-elle à déchiffrer sur ses lèvres. Qu'est-ce qui était fini ? Les éboulements ? Les secours avaient réussi à éteindre l'incendie ?
Le jeune homme l'aida à se relever, et passa un bras autour de sa taille pour l'aider à marcher. Elle n'était plus blessée, mais elle était tout de même terriblement faible. La douleur dans sa poitrine l'empêchait de bien respirer, et elle soufflait en prenant de grandes aspirations.
Alors qu'ils marchaient ensembles vers l'issue de secours la plus proche, Rin se retourna une dernière fois. L'occidental n'était plus là, mais l'homme aux yeux bleus et le jeune homme de son âge étaient toujours là. Elle aperçu, un peu plus loin, la haute silhouette élégante de Aihara Takuya, et à ses côtés... Shin ? C'était bien lui. Rin essaya de crier son nom, mais la poussière qui flottait encore dans l'air ne réussi qu'à la faire tousser. Il allait bien, c'était le principal. Maintenant elle devait sortir retrouver sa mère, et s'assurer qu'Inoue-san allait bien.
Alors qu'ils sortaient enfin dans la lumière éblouissante, ils croisèrent les équipes de secours qui se précipitaient dans le building.
Tout allait bien, ils étaient sauvés.

Aion † Hunter

« Ji Hoon, Andreas, vous allez bien ? Venez avec moi... on rentre. »

« Ji Hoon n’est plus capable d’aider, il a besoin de soin... Andreas, essaye de prévenir les urgences si ton téléphone n’est pas HS... mais tu ne restes pas non plus. C’est dangereux. Ça n’est pas terminé. »

-Si tu penses vraiment que je vais rentrer bien gentiment chez moi ? Pas question. J'emmene Ji Hoon aux urgences, et je reviens. Tous ces gens sont morts...je veux et je vais aider, Chul Hei.

Aion † Walker

Il m'était impossible de dire si je devais être rassuré de savoir qu'Andréas avait répondu positivement à ma demande silencieuse ou non. A rester immobiles comme nous le faisions, nous n'étions pas à l'abri des dommages collatéraux venant de l'affrontement qui se déroulait seulement à quelques mètres de nous. Si je n'avais pas autant de mal à bouger ne serait-ce que le petit doigt, je me serais sans aucune hésitation jeté au milieu pour faire comprendre à cet ange venu de l'Occident et à l'autre m'ayant brièvement affronté le fond de ma pensée. Mais ce n'était pas le cas. Immobilisé ou presque, je ne pouvais qu'attendre. Mais attendre quoi ? La fin de cette bataille ou la mort ? Je serrai plus fermement le bras de l'aïon à mes côtés, usant presque de toute la force qui me restait, aussi infime qu'elle était. Je n'entendais que les échos de la conversation qui se déroulait entre l'ange de l'Occident et les autres, si bien que je peinais à leur attribuer un sens logique.

Le visage familièrement inquiet de Chul Hei, que j'avais envie de frapper d'ordinaire, se dessina dans mon champ de vision et la vague tentative d'humour d'Andréas eut le don de me faire sourire, même si le sourire en question devait plus ressembler à une grimace. Difficilement, je me remis sur mes deux jambes, aidé de l'aïon et de l'ange. Je m'apprêtais à protester, affirmant que je n'avais pas besoin d'aide, lorsque je fus pris d'un léger vertige qui me fit m'arrêter pendant plusieurs secondes. Fort heureusement, ma condition surnaturelle me permettait de récupérer rapidement l'énergie que l'ange m'avait volée, mais je n'en avais pas assez pour être capable de faire plusieurs mètres. J'aperçus l'ange dont il était question à seulement quelques mètres de là. Je notais chaque détail de son visage dans un coin de ma mémoire. Cette guerre entre lui et moi, qui venait à peine de commencer, n'était pas terminée.

Je reportai plutôt mon attention sur le dialogue qui s'échangeait entre Andréas et Chul Hei. Je ne retins même pas un soupir quant à leur décision me concernant.

« Et je n'ai même pas mon mot à dire, je suppose ? »

Pour seule réponse, le métissé me hissa sur son dos. J'allais entamer un magnifique monologue sur le pourquoi du comment je n'avais aucune envie d'aller faire un tour aux urgences, mais nous étions déjà à la sortie du centre commercial dévasté, devant laquelle se précipitait une multitude d'équipes de secours. L'une déchargea le poids que j'étais sur les épaules d'Andréas, lui assurant que j'étais entre de bonnes mains. Je n'en étais pas si sûr... Une perfusion plus tard, j'espérais être en meilleure forme pour être de retour chez moi d'ici quelques heures. Même si je n'allais sûrement pas éviter la confrontation avec Chul Hei et Andréas. Tout ceci n'était pas terminé.

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