J'ouvris deux grands yeux dans un flash éblouissant. Il leur fallut un instant pour se réhabituer aux lumières artificielles autour de moi. La musique tonitruante résonnait dans mes oreilles. Où étais-je ? Je réfléchis un instant, me redressant sur le canapé qui avait accueilli ma sieste improvisée. Un rapide coup d’œil à ma montre, qui, Dieu soit loué, était toujours là, il était trois heures du matin passées. Je me levai, boiteux, et marchai jusqu'à l'entrée des toilettes. Comment avais-je pu m'assoupir dans un tel endroit ? L'odeur ambiante d'alcool et de sueur, et la musique de bas étage qui était diffusée, tout me donnait la nausée.

Et puis les stroboscopes se rallumèrent.



19:58, bureau du secrétaire d'état :

« Takuya, on a les résultats. C'est... pas bon. »

L'air désolé avec lequel mon conseiller m'annonça la nouvelle me rendit presque plus furieux encore que la nouvelle en elle-même. Ma seule réaction visible fut cependant un soupir sonore, soufflé alors que je me laissais tomber sur mon large siège de bureau. L'homme bredouilla quelques mots. Quelque chose comme quoi il ne comprenait pas, que j'avais pourtant toutes mes chances, que mon équipe avait tout fait comme il fallait, et je n'y voyais plus qu'une explication. Nous n'avions pas payé assez cher en pot-de-vin.

« Qui a eu la place ?
- Matsui Hiroshi, répondit-il.
- Évidemment... »

Je soupirai à nouveau. Ces élections ratées, c'était un coup dur qu'il fallait pour l'instant que je digère. Et j'avais ma petite idée de comment faire : boire jusqu'à en vomir l'échec. Mais pour l'instant, je devais rester digne devant les journalistes, leur mentir que ce n'était qu'une question de temps, que cette défaite m'avait inspiré à donner le meilleur de mois même ; foutaises, seulement le discours démagogique que j'étais payé à réchauffer à chaque fois, et qu'on applaudissait, alors que tout ce que je voyais c'était que j'allais devoir céder ma place au parlement à cet idiot de Matsui, un humain revendiqué athée dont la politique n'allait pas du tout dans mon sens (ni dans celui de notre Père, et là était le problème.) À peine sortais-je de mon bureau qu'un flash aveuglant de photographe m'éblouit.



Trois heures du matin passées, Shinjuku :

Tout m'était revenu d'un coup. J'avais perdu les élections, et j'avais voulu oublier un moment la défaite. L'échec était encore une fois cuisant, puisque je me souvenais de tout, et ce en détail. Maintenant que j'étais là, que pouvais-je faire ? Encore un coup d’œil à ma montre. Trois heures quarante-cinq. Il fallait que je parte.

Il ne fallut pas longtemps pour que je m'aperçoive de quelque chose qui paraissait pourtant évident. Même si mon esprit n'était pas embrumé pour un sou grâce à ma petite sieste réparatrice, mon corps l'était encore un minimum, et je doutais franchement pouvoir passer outre les réglementations de sécurité routière ce soir ; la moindre erreur et j'aurais mis un terme à ma carrière. Et puis, il aurait été fâcheux que j'abîme ma précieuse Jaguar.

Je trouvai mon chemin hors du club avec la ferme intention de trouver un moyen de passer la nuit confortablement sans avoir à prendre le volant. Après tout, je n'avais qu'à me trouver un hôtel rapidement, et m'en retourner chez moi demain à la première heure.

C'est ainsi que, presque une heure durant, je me vis refuser l'accès à des Love Hotel puisque non-accompagné, et j'essuyai à nouveau l'échec de ne pas trouver un hôtel libre. Il était déjà donc assez tard pour que tout soit complet... Las, je m'assis par terre, tel le SDF que j'étais finalement devenu, et m'allumai une cigarette, chose rare pour moi. Me voilà dans une belle galère, pensai-je, un soir d'élections, quelle misère ; si on m'avait vu comme ça, ma réputation en aurait pris un sacré coup.

Cependant, c'est au bout de plusieurs minutes, et j'eus cru ma vue me tromper, qu'une personne à la silhouette familière s'engagea dans l'allée parallèle à celle où je m'étais reposé. Mes yeux ne se méprirent pourtant pas : la personne que je venais de croiser, ses longs cheveux châtain, son regard marron profond et plus que ça, son aura que j'aurais reconnue entre mille. Sora ? Que fais-tu là ?

Sora mit fin à mon questionnement en s'engouffrant dans un Love Hotel, sans même me remarquer. Elle aussi était seule, pourtant... Une idée traversa mon esprit dans un flash ; c'était le seul hôtel du quartier que je n'avais pas essayé. Grâce à Sora, j'avais peut-être trouvé un endroit où passer la nuit, et, mieux encore, de quoi m'offrir un petit special service. Le plan me séduisait assez, et, quelques minutes après Sora, je m'aventurai moi aussi dans le lobby du bâtiment des plaisirs.

La réceptionniste me toisa étrangement. Je rajustai rapidement mon col et mes cheveux, et lui adressai un sourire commercial, puis, m'approchant de son comptoir :

« Je dois rejoindre ma petite amie. Elle vient de prendre une chambre. »

L'employée m'adressa à nouveau un de ses regards interloqués. M'avait-elle reconnue ? Je lui offris un sourire compatissant, et, joignant les mains :

« C'est au nom de... Sora, euh, bien, un instant de plus et ma mémoire me faisait défaut, Akano Sora. »

Son visage se referma, elle farfouilla dans un tiroir, et me tendit une carte.

« Chambre 66. Bonne soirée, Monsieur Aihara.
- Vous aussi, mademoiselle, lui répondis-je avec un clin d’œil complice. »

Ni une ni deux, je grimpai les escaliers jusqu'à la salvatrice chambre 66. Sora avait attiré ma curiosité en venant ici... Je me languissais de voir sa réaction lorsque je me serais immiscé dans la pièce. Lorsque finalement j'en eus terminé du long couloir de l'hôtel, et que le chiffre 65 céda sa place au 66, je m'accordai un moment de réflexion.

Sora n'avait toujours pas payé pour ce qu'elle m'avait fait.

Il était temps qu'elle rembourse sa dette.

Une respiration, et je glissai la petite carte magnétique dans la fente de la porte. Il y eut un clic, et j'entrai, découvrant une chambre d'un goût particulier. Je notai rapidement qu'il y avait des miroirs au plafond, sur les murs, partout. Ça m'amusa assez. Puis je remarquai Sora, affalée sur le lit, toute habillée.

« Tiens, ma Sora... Quelle coincidence, on dirait qu'on nous a attribué la même chambre. »

Je verrouillai la porte d'une main, et déposai la carte sur une tablette au goût de la décoration singulière de la chambre. Avec un large sourire, je rajoutai :

« C'est étrange, non ? »

Et ça ne me dérangeait absolument pas. La suite des évènements allait sûrement se révéler... plus qu'intéressante.

Un magnifique post pas très logique ni intéressant de plus de mille mots, désolée pour la dilution extrême ! XD Comme tu vas sûrement lire ça quand je dormirai (comme d'hab) si jamais y a des trucs qui vont pas tu me le dis et je corrigerai, d'accord ? Hehehe~ J'espère que ça t'aura plu ! C'est rare que je dépasse les 700 mots ^^b

Sora eut un sursaut. Je l'avais tirée du sommeil. J'aurais pu croire que son éveil récent aurait entamé un minimum sa réactivité, mais il n'en fut rien, et rapidement, elle se trouva sur ses pieds, à s'avancer vers moi telle la féline conquérante qu'elle était, et me fit instantanément oublier chaque désir de vengeance enfoui en moi au profit d'une violence un tout petit peu plus délicieuse. Étonnamment je m'en trouvais presque abasourdi, incapable de mouvement et captivé par son regard planté dans le mien. Elle se fit plus proche, plus encore, mais s'arrêta soudainement.

« Très étrange oui... Je ne savais pas que les rêves pouvaient être si réalistes. »

Il était tard, mais ce n'était vraiment pas un rêve. Ou l'était-ce ? Pour dire vrai, j'avais sûrement perdu le fil, moi aussi. La femme qui se trouvait devant moi, démone rouge sang envers laquelle j'avais tant de ressentiment, elle provoquait en moi, à cet instant, quelque chose de totalement différent. Quelque chose qui ne m'était pas inconnu. Vraiment pas.

Je me contentai de lui sourire légèrement. Si elle pensait que c'était un rêve... Alors c'est que les choses se déroulaient exactement comme elle aurait pu les imaginer, non ? Sora ne pouvait pas me résister. Je le savais. Allais-je lui céder ? Ça restait à décider.

Sa main trouva ma joue, achevant la tentative avortée précédemment, et rapidement elle se rapprocha de moi pour me serrer dans une chaste étreinte. J'eus un moment de doute ; était-elle en train d'essayer de me faire voir ses sentiments ? Pour en rajouter à l'absurdité soudaine du moment, je ne la repoussai pas, et à la place, glissai ma main doucement dans ses cheveux, silencieusement.

« Merci d'être venu visiter mes rêves Takuya. »

Mes doutes continuèrent. Après tout, je l'avais sortie du sommeil, mais pensait-elle vraiment être encore endormie ? Le semblant de transe dans lequel elle semblait être lui donnait, en tout cas, de l'ardeur, ou en tout cas de l'audace ; je ne fus qu'à moitié surpris lorsqu'elle prit ma bouche, dans un baiser tout aussi ardent que l'était Sora. Ardente, et voulant en explorer plus, puisque ses mains furent envahies d'une soif d'exploration qui les mena directement sous mes vêtements. Je restai passif mais ne pouvait réprimer un frisson. Le bout de ses doigts avait au moins la même température que le sang bouillant de démone qui coulait dans ses veines.

« J'ai envie de toi Takuya... »

Ses mots atteignirent un nerf en moi. Un point sensible profondément enfoui tout au fond de mon être. Mon côté humain ? Mon côté démon ? Je n'en avais aucune idée, mais ce nerf soudainement réveillé lui criait « Moi aussi »

D'un autre côté, ma raison tentait de crier encore plus fort. M'apprêtais-je à m'opposer à notre Père, en commettant le péché de la chair ? N'avais-je donc plus aucune morale ? Mes souvenirs se voilaient. Peu à peu, la voix de la raison se brisait, elle devenait de plus en plus petite, et le corps prenait le dessus. Sora, elle était à moi. J'étais à deux doigts de lui céder totalement.

Elle en décida autrement, pourtant, et s'écarta de moi et se précipita sur le lit, me laissant soudainement froid, et avide de plus. Sora me regarda à peine, et me jeta :

« Mais je suis vraiment fatiguée alors laisse-moi dormir, d'accord ? »

Ça ne me plaisait guère. À quoi jouait-elle ?

Frustré, et surtout décidé à ne pas la laisser s'en sortir comme ça, à m'attiser pour changer d'avis, je la devançai, et, agrippant son menton entre deux doigt, la forçai dans un baiser. Cette fois n'étant pas passif, l'échange s'en retrouva plus violent, et je m'en donnai à cœur joie d'expulser les dernières traces de feu mes envies de vengeance en mordant joyeusement sa lèvre supérieure. La sensation de domination que me procurait le baiser me rendait presque fou, j'étais affamé, affamé de Sora. Il me la fallait. Maintenant.

« Tu dormira plus tard... soufflai-je dans le baiser, à quoi bon en rêver puisque tu peux m'avoir en vrai ? »

Ma main saisit les siennes et les retint dans son dos, la paralysant partiellement, alors que de l'autre je dégageai ses cheveux d'un côté de son cou, et m'engageai à y continuer mon exploration. La vision qui m'attendait me ravit cependant. La jolie marque violacée que j'avais laissé la dernière fois... Elle était toujours là, et n'attendait qu'une sœur jumelle, que je m'empressai de peindre sur sa peau, la mordillant et la suçant intensément.

Je m'écartai enfin, et me plongeai dans le plus profond de ses yeux, comme pour lui faire passer toute l'intensité qui s'accumulait en moi.

« Je ne suis pas patient, Sora, tu le sais. »

Entendre Sora prononcer mon nom accentua en moi ce sentiment particulier qui continuait de prendre le contrôle. Sa voix qui scandait trois petites syllabes, elle me réveillait entièrement, elle faisait grimper la chaleur, faisait tout augmenter en intensité. Mon cœur s'emballa un peu plus. C'était scandaleux, indécent. Plus nous nous rapprochions, et plus je me sentais faillir, me laisser aller à des instincts que j'aurais su repousser en temps normal. Je ne pouvais mettre mes réactions sur le dos d'aucune raison qui ne me fasse pas retomber la culpabilité dessus. Après tout, j'étais totalement maître de moi, de mes actions, de ma pensée. La seule chose que je ne contrôlais pas, c'était le sang qui semblait fuir le bout de mes doigts, pour se concentrer... ailleurs.

Sora n'avait jamais provoqué ce genre de désir en moi auparavant. Je savais que je l'avais ignorée totalement par le passé. Avais-je fait une erreur ? Non. Je n'aimais pas Sora. Mais le goût sucré et pourtant acide de sa peau, la sensation de ma langue dans son cou, et ses mains sur moi ; tout me prouvait qu'il n'y avait pas que du mal au fait d'être avec elle. Après tout, une démone de son cercle était sensée être spécialisée dans ce genre de choses. Qu'y avait-il de mal à expérimenter les qualités des autres ?

Je cédai finalement, expirant longuement, lorsqu'elle s'affaira à la dégustation de mon oreille. Plus elle continuait, plus j'avais cette sensation dérangeante ; c'était comme si chaque baiser qu'elle déposait me brûlait intensément, comme si elle cherchait à s'approprier entièrement ma personne, mon âme, mon corps, mon cœur, mon moi intérieur. Je savais que Sora m'était inoffensive, et pourtant, j'avais une forte envie de la repousser, de tout arrêter, à moins que ce ne fut parce que j'avais du mal à me contrôler, à contrôler mon corps et mon moi intérieur ? Sora continuait à jouer. Elle s'amusait à me parcourir. Il fallait que ça cesse.

Je ne voulais pas qu'elle me touche, qu'elle me sente, qu'elle ait le dessus. Si j'avais décidé de jouer un peu avec elle, je n'étais pas devenu son jouet pour autant. C'était un jeu qui devait avoir mes règles, et j'en étais le seul maître.

Malgré tout elle s'imposa à moi et je me sentis céder un peu plus. Sora était définitivement dotée d'une capacité de persuasion qui dépassait toute négociation. Elle savait se montrer convaincante. Je la laissai prendre le dessus un moment. Elle semblait satisfaite. Le regard qu'elle me lança, reculant vers l'un des murs réflecteurs de la pièce, ne fit qu'accentuer mon impatience. Je la rejoins, affamé et avide de plus de contact, et l'embrassai à nouveau, plus brièvement, mais par assauts répétitifs. Je m'en détachai et croisai son regard.

Elle ressemblait au péché.

Je mordis ma lèvre inférieure, expirant. C'était indécent, c'était sale et terriblement animal, mais je ne songeais même plus à y résister. M'avait-elle détourné du droit chemin de Dieu ? Ça ne m'intéressait même plus. Je retrouvai la voie vers son cou, ma main s'aventurant sur sa cuisse, à travers ses vêtements qui m'insupportaient déjà.

« Sora, si tu savais les risques que je prends..., soufflai-je contre sa peau, ma main remontant doucement, Tu seras prête à le payer si j'ai des ennuis, hm ? »

Mes doigts trouvèrent la ceinture de son pantalon, mais après une seconde d'hésitation, je préférai aller défaire les premiers boutons de son corsage, déposant des baisers acide juste là où mes mains passèrent, et révélant bientôt sa poitrine, l'eldorado que je m'étais imaginé depuis le moment où j'avais pénétré dans cette chambre. Je ne pouvais déjà plus patienter d'être à l'intérieur.

Je n'avais jamais vraiment pris le temps de regarder Sora. Le moment n'était peut-être pas le meilleur, et pourtant, je prenais quelques secondes pour la détailler du regard. Elle était impatiente, presque autant que je l'étais. Ma vision était comme troublée, j'étais obsédé par une seule envie : parcourir son corps de mes mains, respirer dans ses cheveux, boire à sa gorge l'eau du péché. Ses yeux de biche qui brûlaient de désir, elle me possédait totalement de son aura démoniaque. Il y eut une seconde où je me l'imaginais dans une représentation biblique, seulement vêtue d'un voile blanc et pur en la Marie-Madeleine qu'elle m'inspirait. Mais contrairement à Jésus, j'allais croquer la pomme à pleines dents. Mon cœur s'accéléra un peu plus. Si je ne l'avais pas connue, je l'aurais presque crue pure, elle aussi... Je n'étais pourtant pas le premier à investir ce corps, comme je ne devais pas être le premier dont elle investissait l'âme.

Sa blouse tomba au sol alors que je me délectais de la vision qui s'offrait à moi : Venus semblait lui avoir accordé ses plus jolies pommes, et je pouvais en attester même au travers de son vêtement. Ce dernier se trouvant de plus en plus dérangeant dans mon exploration, alors que je n'avais en tête que la dégustation de chaque parcelle de sa peau, et j'engageai mes mains dans son dos pour l'en débarrasser. Elle en décida autrement, et me dénuda de ma cravate, s'assurant qu'elle ne soit pas perdue dans les profondeurs de la chambre – non, elle était en évidence, sur le lit, comme m'invitant à d'autres pratiques. J'eus un léger sourire. Nous verrons cela en temps voulu.

La seconde suivante elle se jeta sur ma chemise, détruisant la barrière entre sa peau brûlante et la mienne, et l'envoyant valser dans un bruit de boutons qui roulent au sol. J'eus mal au cœur un instant en repensant au prix de la chemise, une de mes favorites, mal qui fut vite oublié lorsque Sora se retourna contre moi, son corps bouillant me brûlant la peau, presque autant que son regard lorsqu'il croisa le mien. Elle prenait son temps et en même temps que ça me plaisait, ça me démangeait atrocement. Je voulais jouer le jeu, je voulais la faire attendre moi aussi, mais elle m'avait à sa merci, comme au bout d'une laisse. J'étais à genoux pour elle. Elle noua ses mains dans mon cou tandis que les miennes remontaient, explorant son ventre, effleurant le bouton en son centre parfait, jusqu'à ce qu'elles se retrouvent confrontées à la barrière de tissu dont je regrettais de ne pas m'être débarrassé plus tôt. Soit, il n'y avait pas de barrière assez forte pour me retenir de prendre ce que je voulais, et je m'imisçais en dessous, profitant de ses avant-coeurs d'ivoire, expirant doucement.

« Pourquoi me hais-tu, Madeleine, pourquoi me tentes-tu ? glissai-je dans son oreille, la mordillant doucement, puis plus fort. Je peux résister à tout tu sais, sauf à la tentation... »

D'un geste vif je retirai mon toucher de sa peau, et emprisonnai ses poignets dans ma main libre. Je la poussai de quelques centimètres devant moi pour avoir accès à l'agrafe de cette cloison, barrage à sa beauté. Je pris cependant tout mon temps pour faire glisser les bretelles, doucement, le long de ses épaules, soufflant dessus, les dégageant avec les dents. Le vêtement tomba au sol lorsque je libérai ses mains. Je la retournai vers moi et la contemplai un instant.

« Ma belle, accorde moi une dernière volonté avant que je ne cède complètement. »

Et, me mordant la lèvre, je la fis chuter à plat dos sur le lit, avant de m'avancer au dessus d'elle, dénouant la boucle de ma ceinture.

On dit que le miroir reflète notre âme: était-ce mon âme que j'apercevais là ? Cette jeune femme abandonnée à la luxure, aux pupilles brillantes de fièvre et à la poitrine se soulevant au rythme saccadé de ma respiration. Je n'arrivais à détacher mon regard du reflet qui s'offrait à moi, fascinée par ce moi-profond que je découvrais. Où était passée la Sora pure qui malgré ses provocations ne se laissait pas aller au désir ? Celle qui avait tant attendu son âme soeur pour lui céder le fruit de son corps ? Elle était là, dans cette chambre, dans les bras de celui qu'elle avait attendu de nombreuses décennies.

Je sentis la douce caresse des mains de Takuya sur mon ventre et soupirais. Mes yeux remontèrent jusqu'aux siens dans le reflet du miroir. Ses pupilles brillaient de la même fièvre que les miennes, ne le rendant que plus désirable à mes yeux. Oh Takuya, si tu savais combien je t'aime... Sa peau contre la mienne était une véritable torture, mais ce genre de torture que l'on ne souhaite jamais voir se terminer. Ma peau brûlait partout où il passait. Sous son regard, je me sentais être la plus belle et la plus désirable des femmes.

Je gémis brusquement en sentant sa poigne posséder mes deux coeurs de chair, me perdant dans une sensation encore méconnue. Jamais je n'avais ressenti toucher si doux et possessif à la fois. Ses doigts me transportaient alors que son souffle s'écrasait dans mon oreille.

« Pourquoi me hais-tu, Madeleine, pourquoi me tentes-tu ? Je peux résister à tout tu sais, sauf à la tentation... »

Mais je suis ta tentation, fils de Dieu. Je suis celle envoyée sur ce bas monde pour te tenter. Je t'en prie, oublie ton Père un instant et cède dans mes bras. Certains ici disent de moi que je suis une fille de joie. Mais ce plaisir, il n'y a qu'à toi que je le dédie. Tu es l'unique, le seul qui puisse réveiller cette part de moi. Si le Christ et Marie-Madeleine ont pu s'aimer malgré les interdits, qu'est-ce qui nous empêchait de le faire aussi ? Je pourrais être ton secret Takuya, ton amour caché. Rien ne me comblerait plus que te satisfaire aussi longtemps que je vivrais. Fais de moi ta Madeleine Takuya, et tu seras mon Dieu.

Telle une poupée, il m'écarta suffisamment pour me libérer du bout de tissu gênant sa progression. Ma respiration était de plus en plus saccadée alors que ses lèvres, ses dents, faisaient glisser le tissu sur mes épaules. Puis je tombais sur la surface soyeuse du lit, poussée par mon amant. Mes yeux accrochèrent mon reflet au plafond: j'étais allongée à demi-nue, mes bras de part et d'autre de ma tête, mes cheveux défaits qui dessinaient un art abstrait sur la soie et sur ma peau. Tout mon être appelait à la luxure. Mon regard se reporta sur Takuya qui s'avançait vers moi, les pans de sa chemise déchirée glissant sur sa peau mate et la boucle de sa ceinture défaite.

« Ma belle, accorde moi une dernière volonté avant que je ne cède complètement. »

Je me redressais, posant mon menton contre son ventre et enserrant sa taille. Mes jambes de part et d'autre de son corps, je me collais à lui autant que je le pouvais, savourant le contact de nos corps. Mes lèvres baisèrent tendrement la peau à leur portée avant que je ne relève la tête pour le fixer.

« Tu sais que je ferais tout ce que tu voudras mon Ange... »

Doucement, je tirais sur les pans de sa chemise afin de la faire glisser de ses épaules. Nous étions maintenant à égalité. Mes mains ne cessaient de s'aventurer sur ses muscles fins, appréciant l'oeuvre de la nature. Du bout des doigts, je parcourais son corps entier, frustrée lorsque la zone était encore couverte. D'un coup, je me laissais tomber en arrière, laissant mon corps à la vue de mon amant, tendant les bras vers lui dans une invitation au plaisir. Inconsciemment, je mordis ma lèvre inférieure.

« Que veux-tu de moi Takuya ? »

Il y avait quelque chose de terriblement fascinant chez Sora. Fut-ce son aura, ou la lueur dans ses yeux, mais j'y prenais presque goût, l'observant directement ou à travers les miroirs si nombreux qui semblaient nous refléter à l'infini. Plus je la regardais et plus je la trouvais belle, magnifique, offensante mais pas vulgaire, et plus mon impatience grandissait ; elle continuait pourtant de me lancer ces regards luxurieux qui m'envoûtaient et m'appelaient dans mes instincts les plus primaires, et je ne pourrais pas clamer résistance bien longtemps encore.

Mes sens éveillés n'en étaient que plus puissants encore. Tout m'attirait chez elle. Ses yeux de biche, la courbe de son nez, ses lèvres entrouvertes, sa gorge dénudée, sa peau frémissante, son ventre se soulevant au rythme de sa respiration, ses seins, comme deux framboises auxquelles je voulais goûter à l'infini... Elle me rendait totalement fou, au point que j'aurais vendu mon âme au Diable, que je me serais damné pour elle en cet instant, pour l'avoir pour moi, pour satisfaire ce désir intense de possession, de domination, de luxure. Étais-je en train de goûter au vice ? De le laisser m'emporter bien loin de la vertu et du chemin sacré ? La véritable question, à mes oreilles, était pourquoi lui avais-je résisté si longtemps.

Une pensée me traversa vaguement l'esprit. Je pensais à Sora, lorsqu'elle était encore l'une des nôtres... Quel Ange était-elle ? Aurions nous pu pécher, à cette époque où je n'ai même pas posé le regard sur elle ? Nous serions nous damnés ensemble ? Si ce péché était un crime, la victime était si belle que j'en étais prêt à payer les conséquences. Rien ne m'arrêterait.

Sa joue se posa contre ma peau. Malgré tout elle était affectueuse. Je la sentais blessée. Etait-ce une once de culpabilité que je ressentais, là, tout au fond de ma poitrine ? Qu'importe, il était temps de rattraper le temps perdu.

« Tu sais que je ferais tout ce que tu voudras mon Ange... »

Ses mots m'arrachèrent à ma soudaine mélancolie, qui n'en fut que passagère. Elle m'affirmait que j'étais en contrôle total, et l'idée me plaisait particulièrement. Si c'était elle qui m'invitait au péché, je préférais quand même ne pas perdre totalement pied. J'eus un sourire satisfait lorsque Sora s'offrit à moi totalement, allongée sur le lit aux draps de soie rose, m'appelant encore et toujours à brûler les étapes et lui faire croquer la pomme telle l’Ève démoniaque qu'elle était.

Elle mordit sa lèvre et je devins fou.

« Que veux-tu de moi Takuya ? »

N'en pouvant plus de l'observer, dévoré par le désir de parcourir sa peau de pêche de mes mains pécheresses, j'enlevai ma maudite ceinture d'un geste brusque et l'envoyai quelque part hors de portée. M'agenouillant au dessus d'elle, je brûlais sa peau de baisers, de son cou, à sa gorge, à sa poitrine, ses épaules, soufflant doucement sur son cœur et mordillant le lobe de ses oreilles, profitant de son moment d'abandon pour savourer cet instant où elle se donnait toute à moi. Je dégustais ses lèvres comme le plus précieux et le plus délicieux des mets, l'attirant sans délier nos lèvres vers le fond du lit, m'enivrant de la musique de nos échanges intenses. N'en ayant jamais assez, je me plaisais à la couvrir de baiser, et trouvai refuge dans le creux de son oreille, respirant le parfum de ses cheveux.

« Je te veux toute entière... Juste pour moi, soufflai-je dans son cou. »

Mes mains frôlèrent à nouveau la peau douce de ses deux remparts de chair, dont la blancheur laiteuse me fascinait, ils étaient parfaits et je prenais la rose qui s'éveillait en leur pointes entre mes lèvres comme un enfant innocent. Mes doigts coururent jusqu'à son nombril, belle escale avant de rejoindre la frontière de son vêtement. Les boutons ne me résistèrent que peu, alors que les doigts se glissaient à l'intérieur, joueurs.

« Comment te sens-tu, ma Sora ? demandai-je sans chercher son regard, toujours perdu dans les vallées dessinées sur son corps. »

Je m'écartai, attendant sa réponse, et trouvai ses yeux mi-clos, alors qu'elle semblait succomber elle aussi à l'appel de la luxure.

Le cuir de sa ceinture fouetta l'air lorsqu'il la retira d'un geste brusque avant de la faire disparaître je ne sais où. Puis ma peau s'enflamma sous la chaleur de ses baisers. Instinctivement, je me cambrais, les yeux clos, savourant la traînée de feu qu'il laissait sur son passage. Le désir était un péché, il était donc normal qu'il soit accompagné des flammes de l'Enfer. La douleur n'en était que meilleure: l'amour est une discipline de masochistes après tout. À chacun de ses baisers, c'était comme si je redécouvrais une part de moi, ce petit bout de peau que j'avais oublié et qui pourtant m'électrisait au plus haut point. Attention à la combustion.

Ses lèvres, mon addiction, retrouvèrent bientôt les miennes et je les mordis non sans violence, joueuse. Takuya m'appartenait, je lui appartenais, qu'importe: bientôt nous ne serions qu'un. Mon coeur se gonfla de joie à cette idée. Je me sentis glisser sur la soie des draps alors que nos corps s'aimaient, me retrouvant bientôt calée au milieu de coussins. De nouveau son trajet dériva, m'arrachant une symphonie de soupirs alors qu'il dévorait mon cou. Mes mains s'accrochèrent dans son dos, le griffant parfois, et mon corps se rapprochait instinctivement toujours plus du sien.

« Je te veux toute entière... Juste pour moi. »

J'en eus le souffle coupé. Deux magnifiques larmes de joie s'échappèrent de mes yeux voilés de désir. Takuya me voulait. Jamais je n'avais osé espérer une telle chose. Mon coeur tambourinait comme un fou dans ma poitrine et j'étais incapable de la moindre réaction, clouée par le bonheur. Avait-il la moindre idée de l'impact de ses mots ? Qui sait...

Je revins à moi en sentant le feu reprendre sur mon coeur et échappais une plainte sourde en renversant la tête. Qui aurait soupçonné que l'amour soit si bon, moi qui m'y étais toujours refusée ? D'un côté, je m'en voulais d'avoir attendu si longtemps pour connaître ça, mais d'un autre je me réjouissais d'avoir attendu Takuya. C'était avec lui et personne d'autre. Il fallait que je le lui dise.

« J'ai toujours été à toi mon Amour... Je t'ai fidèlement attendu... »

Je ne sentis pas ses doigts, trop obnubilée par ses lèvres qui mettaient au bûcher mes dernières convictions. Mais lorsqu'ils effleurèrent la fleur de mon corps, mes pupilles se dilatèrent instantanément et mes doigts s'enfoncèrent dans la peau de son dos. Aucun mot ne pouvait décrire cette sensation et mon esprit embrumé n'essayait même plus d'en trouver. Je m'abandonnais complètement dans ses bras, ne comprenant même pas les mots qu'il me murmura. J'étais perdue, perdue dans les méandres du plaisir. Mon coeur ratait des battements et mon corps tremblait sous le sien. Je le voulais, tellement. Mes mains glissèrent jusqu'à son pantalon au travers duquel je caressais ses fesses musclées. Puis d'un coup sec, je poussais dessus, faisant se rencontrer nos deux corps à cet endroit dans une explosion de sensations exquises. Son grognement me fit sourire et j'allais mordiller son oreille. Mes doigts dévièrent, allant caresser une autre zone sensible de son corps que je me réjouis de sentir en éveil. Il n'était plus question d'amour maintenant, mais juste d'instinct, pur et bestial. Qu'il soit doux ou violent, je m'en fichais complètement. Mon corps l'appelait et c'était tout ce qui comptait. Je soufflais dans son oreille en appuyant légèrement ma main.

« Takuya... je te veux... »

Il y eut un instant où je crus voir les yeux de Sora briller d'un éclat différent, comme s'ils avait été soudainement investis par le plus brillant des diamants. Je la surprenais, fragile, alors que des perles salées dégringolaient sur ses joues, laissant derrière elles une traînée humide, poussière d'étoile que j'embrassais doucement. Je n'étais pas capable de comprendre un tel amour. Tout ce que je savais était ferveur, et admiration, et même à ce moment-là, il m'était impossible de connaître ce que ressentait ma divine démone. Nos cœurs ne battaient pas à l’unisson. Ils ne le feraient sûrement jamais.

Je ne me laissais donc pas plus aller à la sentimentalité soudaine de Sora. Son amour ne m'atteignait pas plus maintenant qu'auparavant, c'était seulement différent. De mon côté, je ne pouvais éprouver qu'un fort désir de possession, mélangé au goût du risque et à l'excitation de la désobéissance. L'adrénaline libérée lorsqu'on cède à une telle tentation. Je voulais Sora à mes pieds, entière, s'offrant à moi telle la brebis prête à être sacrifiée ; je l'avais. Était-il temps de rebrousser chemin, alors que je n'avais pas encore péché ? Si je souhaitais sa soumission, et qu'elle était là, devant moi, pleurant presque pour que je lui accorde ce qu'elle souhaite, n'avais-je pas accompli le dessein que je lui réservais ? Il aurait été cruel, que de l'abandonner ainsi, à moitié nue et expectative sur le lit d'une chambre d'hôtel. On ne dit pourtant pas assez que l'homme est égoïste, et que l'enveloppe charnelle accordée à ceux-ci est remplie de désirs, de besoins, d'envies et de vices qui ne font que se multiplier lorsqu'ils sont stoppés en plein vif. Il n'était donc pas question de changer d'avis. Par contre, j'avais une autre petite idée.

Je mis mes pensées de côté dès que les vilaines mains joueuses de ma démone s'aventurèrent vers les zones sinueuses de mon intimité, avides et affamées. Elle ne fit que m'attiser, soufflant sur la flamme, n'allant jamais plus loin que le simple effleurement, continuant de jouer avec moi comme je me retenais de devenir fou. Et puis elle induit le contact. J'en eus le souffle presque coupé. Quand était-elle devenue si attirante, si érotique ? Plus elle jouait avec moi, et plus je me languissais de croquer dans sa pomme d'Eve, de pousser la porte de son Jardin d'Eden, de plonger avec elle dans les profondeurs du plaisir ; oh les choses qu'elle me faisaient, elle me faisait perdre totalement la tête.

Et puis il y eut un autre déclencheur.

« Takuya... je te veux... »

Je vis rouge.

Il n'en fallut pas plus pour que mes instincts se réveillent, et avec eux cet égoïsme que je ne soupçonnais qu'à peine. Un bref coup d’œil à côté de moi, et je repérai la cravate, tantôt abandonnée ici comme si son destin était d'avoir une toute autre utilisation à présent. Je sentis les yeux de Sora posés sur moi alors que je m'en emparais, sondant son incompréhension. Peut-être savait-elle où je voulais en venir ? Soit, mais elle ne se doutait pas de mes motivations profondes. Il m'était intolérable de laisser Sora profiter de moi ainsi. Sentir ses mains courir sur mon corps... C'était bon, terriblement exquis, mais aussi interdit, et peut-être mon inconscient me souffla-t-il que si j'étais celui qui maîtrisait les choses, et qui privait Sora de tout moyen de satisfaction, alors je ne me rabaissais pas au rang d'amant, ni de ravisseur. C'était une façon comme une autre de la punir.

Je ne pouvais pourtant pas la ligoter, comme j'avais pourtant pensé faire. Alors comment priver ma jolie criminelle sans gâcher tout le plaisir ? Je vis la réponse se dessiner dans le regard lascif que me lança Sora, visiblement impatiente. Ses yeux. M'approchant d'elle doucement, à genoux au dessus d'elle et la dominant encore et toujours de ma stature, je glissai mes mains dans ses cheveux, et la confrontait à une soudaine cécité, sans oublier d'embrasser ses lèvres, sont front, ses yeux clos.

Sora n'y voyait désormais plus rien, et moi, je m'affranchissais du tissus embarrassant de mon pantalon.

« Ce n'est pas vraiment mon genre de pratiques habituelles mais... Tu es spéciale, n'est-ce pas, ma Sora ? Tu auras droit à un traitement en conséquence... »

Le noir. L'obscurité. Un instant je paniquais, privée de l'un de mes sens. Que s'était-il passé ? Mon esprit embrumé n'avait pas vu le coup arriver, mais je sentais un tissu sur mes paupières. Un bandeau ? Pourquoi ? Je tentais de le toucher mais Takuya m'en empêcha: c'était lui qui dirigeait. J'eus peur un instant, puis je me ressaisis: ce n'était que Takuya. Pourquoi me ferait-il du mal, maintenant, à cet instant précis ? Non, je devais lui faire confiance. Un froissement de tissu m'indiqua qu'il avait certainement libéré son corps des vêtements qui l'ornaient encore. Je m'étonnais du développement de mes autres sens maintenant que j'étais privée de ma vue. Mes oreilles percevaient la moindre de ses expirations, ma peau ressentait la moindre de ses caresses, ma bouche profitait de la moindre de ses saveurs, mon nez respirait la moindre effluve de son parfum.

Je me perdais dans la découverte de mes sens, dans la moindre sensation que cela m'offrait. Je n'avais plus conscience du temps, seulement de Takuya, de lui, de moi, de nous. Mon corps ressentait toutes ses attentions comme si elles étaient décuplées. J'étais un feu sur lequel on soufflait. Je me sentais chanceler pour revenir plus vive encore. Takuya était cette mer déchaînée qui m'agressait par vagues, tentant de souffler ma flamme mais la ravivant à chaque fois. Je me noyais dans sa force.

Je tentais de le voir malgré le bandeau. Mon esprit essayait de retracer ses traits... en vain. Petit à petit, la panique monta alors que je tentais encore et encore de redessiner son visage sans y parvenir. Alors que le plaisir me consumait, il m'était impossible de me rappeler à quoi ressemblait Takuya.

« Peut-être parce que c'est à moi que tu devrais penser. »

Quoi ? Cette... cette voix... que faisait-il là ?! Je...

« Quoi ? Il peut visiter tes rêves et pas moi ? »

Mais ça n'a rien à voir ! Je l'aime !

« Ah bon ? Tu en es sûre ? »

Je paniquais et me démenais, tentant de faire partir cette voix dans ma tête. Pourquoi ? L'angoisse me faisait pleurer et je m'étouffais avec mes propres sanglots. Dans un effort désespéré, je retirais ce qui me servait de bandeau d'un coup sec.

Partout, il était partout. Sur chaque miroir. Et il me fixait, son sourire narquois collé aux lèvres. Lorsque je regardais mon amant, il était là aussi. Je me mis à hurler. Takuya, où était passé Takuya ? Pourquoi ? Comment ?

« Ben alors Sora, qu'est-ce qu'il y a ? C'est moi, Ji Hoon. »

J'hurlais et me relevais en sursaut dans mon lit. En sueur, je jetais des coups d'oeil autour de moi. J'étais chez lui, dans sa chambre. Seule. Je tâtais mon visage et manquais m'assommer avec mon plâtre: je l'avais oublié celui-là. Alors... tout n'était qu'un rêve ? Plutôt un cauchemar. Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Rêver de Takuya, je le concevais totalement mais de... lui ?! Je lançais un regard apeuré vers la porte qui m'en séparait. Sa voix résonnait encore dans ma tête.

« Je l'aime !
- Ah bon ? Tu en es sûre ? »

Oui, je... Mes yeux s'écarquillèrent: en réalité, je ne savais pas. Aimais-je toujours Takuya, après toutes ces années ? Si je me posais la question, je devais avouer que mon coeur avait commencé à l'oublier. L'avoir revu il y a plusieurs jours avait fait remonter mes sentiments de l'époque mais au fond... ce n'était qu'une certaine nostalgie. Je me recroquevillais dans les draps, tremblante. Il m'avait fallu ce cauchemar pour m'en rendre compte. Et ce que ce cauchemar induisait... Non... non je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas...

« Peut-être parce que c'est à moi que tu devrais penser. »

... aimer à nouveau...