L'école finit, la visite chez oncle Toya faite, les devoirs chez un ami terminé... il ne me reste plus grand-chose à faire. Je dois pourtant faire attention puisque c'est anormal chez les humains qu'un enfant de douze ans se promène durant la nuit. Je regarde ma montre et je ferme les yeux pour visualiser l'un des plus hauts bâtiments de Tokyo. Cela ne prend pas grand temps avant que je sente le sol se dérober sous mes pieds pendant quelques secondes avant de sentir de nouveau une surface dure. Je m'installe sur un bout du toit et j'ouvre une boîte de jus. Je me fâche un peu contre la paille qui ne veut pas sortir de l'emballage et quelques bêtises plus tard, elle plonge dans le liquide aux framboises. Je sors un paquet de sucreries de la poche de ma veste et je m'installe pour regarder les lumières de Tokyo s'allumer. Cela doit vous paraître un peu étrange, mais c'est un merveilleux spectacle à regarder du haut de ma cachette. Le monde des humains me paraît tellement petit dans ces moments-là. Les voitures rouges ressemblent aux coccinelles, les humains à de petites puces, les autobus à des chenilles et les lampadaires ressemblent à des lucioles. Les êtres humains doivent trouver le ciel affreux puisqu'ils le cachent avec toutes leurs lumières. À l'école, mon professeur avait appelé ça de la pollution lumineuse et que le seul moyen de pouvoir voir les étoiles étaient d'aller en campagne. On avait beaucoup parlé de l'environnement aujourd'hui en science naturelle et on avait même un futur projet à remettre là-dessus. Je regardais autour de moi les anciennes boîtes de jus que j'avais laissé traîner et les autres déchets qui n'étaient pas encore partis au vent. Le spectacle terminé, je sortis un sac de papier et je ramassais toutes les choses que j'avais laissées traîner ici depuis mon arrivée sur Terre.

Un petit sourire de satisfaction apparût sur mes lèvres un coup le travail terminé et je fermais le sac pour éviter que les objets à l’intérieur s’envolent lors de ma descente. Il est maintenant 21 heures et les gardiens du zoo viennent de terminer leur quart de travail, laissant un garde de sécurité patrouiller tout seul pour tout le zoo. C’est le moment d’y aller, je me laisse tomber dans le vide et descend en piquer vers le sol en riant. Je disparais pour apparaître dans le boisé du parc. J’aime bien ce pouvoir… je jette mon sac dans les poubelles et je cours à un dépanneur pour acheter des fruits, de la viande et du poisson pour mes amis. Je paie le tout avec l’argent que Toya m’a donné un peu plus tôt et je retourne dans le parc en direction du zoo. J’ai hâte de donner mes cadeaux et de jouer avec ceux qui m’attendent de l’autre côté des clôtures de sécurité. Enfermé dans mes pensées, je ne vois pas la jeune femme que je croise dans l’allée et je ne remarque pas qu’elle me suit du regard jusqu’à la cachette de la brèche par où je voyage.

Je passe le premier et je me retourne pour attraper les poignées du sac pour le faire traverser à son tour. Je me relève et j’enlève la terre qui est restée coller à mes vêtements avant de m’avancer au centre de l’allée.

La journée avait était terriblement longue et ennuyante... Entre les cours interminables avec les profs qui enquiquinaient les élèves au plus haut point et les clients qui avaient été exigeants ce soir à l'Efrit où elle travaillait la nuit, Kimi était vidée ! Là, elle rêvait de son bon lit douillet qui l'attendait dans sa chambre ainsi qu'à une bonne douche bien chaude. Oh oui ! De l'eau brûlante allait la relaxer comme il le fallait puis, une bonne nuit réparatrice... Et demain, rebelote.
La jeune fille commençait à manquer de sommeil. C'était crevant de se lever à six heures le matin et de se coucher à minuit, voire une heure au plus tard, le soir.
Aujourd'hui, Kimi avait eu le droit de partir plus tôt. A vrai dire, elle avait la tête ailleurs et ce n'était pas comme si cela ne se voyait pas ! Dans la soirée, elle avait bien renversé trois assiettes et pas moins de boissons... Le patron avait bien fait de la congédier.

A son portable, il était vingt-et-une heures. Kimi se réjouissait parce qu'elle serait rentrée chez elle pour la demie ! Un sourire illumina son visage où la fatigue se lisait. La jeune fille marchait d'une allure soutenue malgré sa lassitude. Plus vite elle serait chez elle, plus vite elle pourra dormir et ainsi récupérer ses heures de sommeil qui lui manquaient tant !
Enfin, cela était sans compter sur ce gamin qui attira son attention...
Dans les un mètres cinquante, il devait être âgé d'une dizaine d'années, un collégien en fait. Ce n'est pas le fait qu'il soit seul qui attira la curiosité de notre très chère étudiante, non. C'était plus l'heure tardive. En effet, à cette heure avancée de la nuit, un enfant de cet âge devrait être chez lui, au fond de son lit ! Et non en train d'arpenter les rues...
Kimi le suivit des yeux, se retournant presque. Comme elle avançait toujours, mais d'un pas plus lent, elle faillit faire plus ample connaissance avec Môsieur le poteau électrique. Poteau qu'elle évita de justesse d’ailleurs...
Finalement, après avoir peser le pour et le contre, Kimi s'arrêta afin de regarder où allait le jeune garçon (oui, il y avait plus de contre que de pour, pour la question "Je rentre comme si je n'avais rien vu, ou pas ?"). Il longea la clôture du zoo avant de... traverser cette dernière ?!! Kimi cligna plusieurs fois des yeux, pour être bien certaine de ne pas avoir rêvé. Elle se pinça même le bras afin de bien être sûr qu'elle n'hallucinait pas !

Après avoir regardé à droite et à gauche, Kimi traversa la route qui la séparait du zoo. Là, elle s'approcha de l'endroit où l'enfant avait disparu. La jeune femme étouffa un juron en s’apercevant qu'il y avait un trou, et que c'était par là que l'enfant avait disparu.
Maintenant, une question se posait... Devait-elle retrouver l'enfant ou bien appeler les flics. Après tout, on n'entrait pas dans un lieu public la nuit, quand il était fermé ! Et encore moins dans un zoo où des animaux plus ou moins dangereux grouillaient !!!
L'étudiante ferma les yeux un instant, indécise quant à la façon d'agir. Quand elle les rouvrit, une lueur nouvelle y brillait : la détermination.
Comme l'avait fait l'enfant quelques instants plus tôt, Kimi s'accroupit et passa la brèche. Une fois de l'autre côté, elle se releva et épousseta son jean. Sa bouche se tordit en une grimace quand elle s’aperçut qu'elle l'avait dégueulassé de terre. Heureusement que les machines à laver existaient !
Kimi essaya d'apercevoir le gamin... Mais aucune trace de lui ! Dans quel pétrin s'était-elle fourré ? En grommelant, la jeune fille avança dans les ruelles du zoo. Au moins, une chose était rassurante : les animaux devaient être en train de dormir, non ?

Après un quart d'heure à tourner dans le parc (où elle s'était fait quelques frayeurs...), elle retrouva enfin la trace de l'enfant. Il se trouvait devant des barrières, un sourire sur les lèvres. Un sac était posé devant lui, à ses pieds... En se rapprochant un peu plus, elle comprit que c'était de la nourriture. Mais il était complétement fou ce gamin !!! S'aventurer tout seul ici et donner à manger aux habitants du zoo !!! Kimi accéléra l'allure mais avec un visage avenant. Elle ne désirait pas effrayer le garçon.

- Salut...

Non, la jeune fille ne savait pas quoi lui dire. Elle n'était pas du genre à sermonner les gens qu'elle ne connaissait pas... Déjà qu'avec ceux qu'elle connaissait c'était pas le cas. Kimi se baissa et prit une pomme qui se trouvait dans le sac aux pieds du garçon... Visiblement, c'était une girafe qui se trouvait dans l'enclos... Certes, Kimi n'était pas certaine que ce genre d'animal mangeait des fruits, cependant elle tendit la pomme en direction de la girafe. Cette dernière approcha sa longue tête vers la main tendue de Kimi, sembla renifler avant de détourner son regard. Ok, à noter, les girafes ne mangent pas de pommes !!! Levant les yeux au ciel, Kimi reposa la pomme dans le sac tout en pensant que les animaux étaient de plus en plus exigeants.

- On dirait que ton ami n'aime pas les pommes... En fait, pourquoi viens-tu la nuit ? Ne devrais-tu pas être chez toi ? Tu sais, le zoo est ouvert la journée...

C'est sur, Kimi s'y prenait comme un manche. Mais bon, que pouvait-elle bien dire ou faire ? Le ramener de force ? Elle se l'interdisait. Appeler le vigile ? Non, elle préférait régler ça tranquillement. Il fallait donc qu'elle attende patiemment... Ce qui n'était pas son fort, étant toujours dans l'action !

Après un moment de réflexion, je finis par décider que c'était le hasard qui allait décider quel animal que j'allais voir en premier. Je plongeais ma main dans le sac en plastique blanc et je fermais les yeux jusqu'à temps que ma main attrape un autre petit sac de plastique où se trouvait un assortiment de champignons. Je souris et me dirigeais vers les enclos des petits animaux. Je m'arrêtais quelques minutes pour offrir une prière au directeur du zoo qui n'avait pas encore mis de caméra de sécurité me permettant de faire ce que je savais de mieux. Je marchais vers un enclos avant de disparaître et de réapparaître de l'autre côté. J'étais dans la résidence de Tanou et Nouki. C'était deux frères jumeaux que j'appréciais beaucoup puisqu'ils vivaient de nuit la plupart du temps. Je m'installais en indien et j'attendis qu'ils viennent d'eux-mêmes me voir par politesse puisque je m'invitais sur leur territoire. En fait Tanou et Nouki étaient des Tanukis ou des chiens viverrins si vous préférez le nom français. Les deux s'approchèrent et je sortis mes champignons pour leur présenter. Nouki en attrapa un avant de se sauver un peu plus loin et cela me fit rire. Je m'installais sur le ventre un peu plus loin et je les regardais déguster leur cadeau.

Je finis par me relever, faisant fuir du même coup les deux frères et je partis de l’enclos pour aller voir Kirin et sa mère. Je m’installais debout devant la clôture et je portais mes mains à ma bouche pour faire un porte-voix. Je criais le nom de mon ami et attendit quelques minutes avant de le récrier une autre fois. Il aimait se faire attendre celui-là… il devait surtout être en train de se délecter de ses feuilles d’arbres préférés à l’autre bout de l’enclos. Je continuais d’attendre les mains dans les poches et je me balançais d’avant à l’arrière. Une voix féminine me salua et je me retournais pour regarder la jeune femme humaine approchée pour prendre une pomme. Un petit sourire en coin apparut sur mon visage, mais je la laissais apprendre de ses erreurs. Une girafe, que je ne connaissais pas, pointa son museau pour sentir le fruit pour ensuite s’en aller.


J’attrapais des feuilles de laitue et je grimpais sur la clôture pour faciliter la tâche à mon ami qui n’était pas encore aussi grand que la première girafe. Je sifflais trois coups et un girafon apparut. Je lui tendis mon cadeau qui attrapa avec son énorme langue et je me laissais tomber en bas de la clôture. J’essuyais ma main sur mon pantalon et je me dirigeais vers mon sac pour le prendre.

«Parce que je peux nourrir les animaux puisqu’il n’y a personne pour me surveiller et cela me permet de voir les animaux qui sont nocturnes. Je sais bien que c’est ouvert, mais c’est une autre histoire d’essayer de s’approcher des animaux comme on le fait là!»

Je ne répondis pas à son autre question puisque je n’avais pas réellement de chez moi sur Terre. Ma maison à moi, elle était dans les cieux avec mes Frères et le Père. Je continuais de marcher et je tournais la tête pour regarder la jeune fille.