Mon portable sonna pour me rappeler que je devais me dépêcher d'aller au bureau de tabac. Dire que je venait juste de me rendormir. Par chance, je m'étais habillé ce matin à 11 heures quand je m'étais levé pour manger. J'avais enfilé un simple jean bleu et un t-shirt blanc, à ce moment là je ne savais pas encore que j'allais voir Ren Kun. Bon, de toute façon il avait l'habitude de me voir habillé pire que ça et puis, j'étais présentable. Ce n'étais pas pour ça qu'il râlerait, par contre je savais qu'il me ferait la leçon sur le tabac. Il avait raison, ce n'était pas bon pour ma santé mais, sans ça je péterais un câble. Bon, quand il était là encore ça allait, c'était mon meilleur ami, forcément j'étais de meilleure humeur. Mais, ce matin encore, alors que je sortais les poubelles et que je ne portais qu'un jean, il y avait encore eu un de ces abrutis qui m'avait proposé de rejoindre sa cause. Ah, que n'avais-je pas eu mon revolver à ce moment là? Ce revolver, c'était bien la seule chose sur laquelle je mentais devant Ren. En effet, ce jeune garçon d'un an mon cadet était l'une des rares personnes qui ne me jugeaient pas par rapport à mon caractère. Il avait cherché à me connaître d'avantage le pauvre. Qu'est-ce qu'il avait pu m'entendre râler ou même le traiter de boulet par le passé, pourtant il avait bien compris que mon sale tempérament n'était qu'une façade et il m'avait prouvé qu'il était digne de confiance. Désormais, lui et moi on partageait tout, bons comme mauvais moments, rien que sa présence suffisait à me faire sourire et je ne me souviens pas m'être un jour engueulé avec lui. Ren était surdoué, moi je n'avais pas pu continuer l'école jusqu'à l'université, je faisais des études de cuisine par correspondance. Pour moi ça ne changeait rien mais, pour beaucoup nous représentions les deux opposés, le cancre et l'intello. Mon art, c'était la musique, lui faisait de la peinture et j'adorais ce qu'il faisait, parfois j'aurais aimé savoir peindre comme lui, même si certains de ses tableaux me paraissaient étranges. Ren semblait être mon opposé, timide, silencieux et réservé mais, ça ne nous empêchait pas de nous entendre à merveille. Allez savoir pourquoi, sans doute était-ce parce que j'étais quelqu'un de protecteur et Ren lui était fragile. Un ange gardien, c'est comme ça qu'on aurait pu me définir, pourtant moi je ne pouvais pas voler, je n'étais au service de personne. Je veillerai à ce qu'aucun de ces bouffons ne fassent de mal à mon ami.

Je sortis de chez moi avec juste assez de Yens en poche pour acheter mon tabac et sans réagir que je n'avais pas mis de chaussures et pourtant, il pleuvait des cordes! Ma coiffure, comme je ne m'étais pas peigné après mon réveil, elle ne devait pas ressembler à grand chose. Un épouvantail, voilà à quoi les gens devaient penser en me voyant. Au tabac, je demandai le même tabac que d'habitude puis, je retournai chez moi, impatient que mon ami arrive. Je restai assis sur les marches, il allait arrivé. Zut, je n'avais pas fait chargé mon portable, la batterie était morte et il était en retard. Ren, en retard? Non, quand ils devaient se voir, ils prévenaient toujours. Et s'il lui était arrivé quelque chose? Immédiatement, je me mis à courir en direction de son université, clope au bec. Il fallait que j'évacue le stress de la situation. Si quelqu'un s'en était pris à Ren, je n'hésiterais pas à utiliser mon pistolet.

Finalement, j'arrivais devant la fac, Ren était là et il semblait m'attendre. Il n'avait sans doute pas compris qu'il devait me rejoindre chez moi, dans ce cas autant faire comme si c'était ma faute. Je jetai ma clope dans une poubelle, m'approchai de lui et lui tapotai l'épaule pour qu'il me remarque. Je dis ensuite en souriant:

"Salut Ren-kun, tu vas bien? Je suis désolé du retard, je voulais te prévenir mais, comme tu pourras le constater, ma batterie m'a lâché."

Je ris en voyant Ren sursauter, en me voyant il était devenu tout sourire, ce qui changeait de la seconde qui avait précédé. Mon ami avait l'air pensif avant que je n'arrive. Il faut dire qu'il était resté longtemps chez lui à ne faire que réviser, on n'avait même pas pu se voir une seule fois. Que c'était bon de le revoir! Si Ren n'avait pas été célèbre pour sa timidité légendaire, j'aurais été surpris qu'il ne se jette pas dans mes bras, cependant, je connaissais ce petit brin d'homme mieux que personne et par conséquent, je fis ce qu'il ne s'était pas permis. Je l'étreignais amicalement et dit:

"Oui, je vais bien! Comme toujours quand je suis avec toi d'ailleurs! A dire vrai, je me suis inquiété car je sais que quand il s'agit de se voir tu es toujours à l'heure. Ne te voyant pas arriver, j'ai couru à ta rencontre, prêt à me battre si on s'en était pris à toi mais, je suis content de voir que tu n'as rien!"

Je souris alors et constatai que mon ami m'examinai de la tête aux pieds. Comme il était très doué en peinture, il était sans doute capable d'analyser les proportions à l'oeil nu, dans ce cas, j'associais son examen de mon humble personne à une oeuvre à venir. Sans doute m'étais-je trompé car aussitôt il avait éclaté de rire, provoquant chez moi les même symptômes même si j'en ignorais la raison. Je repensais alors à la veille, Vale m'avait déjà beaucoup examiné sans que je sache pourquoi mais, elle n'avait eu aucun fou rire. De plus, j'avais vite compris pourquoi.Là, je réfléchissais, sans que la moindre solution ne m'apparaisse pourtant, elle était évidente. Quand il me dit que j'avais oublié mes chaussures, je ris tellement que j'en tombai à la renverse. Je répondis alors, toujours plié de rire:

"Figure toi que si tu ne me l'avais pas dit, je n'aurais rien remarqué du tout! Décidément, je me demande ce qui me tombera dessus la prochaine fois, quoique cette fois, c'est moi qui me suis cassé la figure! En tout cas, ça faisait un moment que je n'avais pas ri comme ça! Au moins depuis la dernière fois qu'on s'est vu."

Et je n'exagérais pas. Même si je laissais assez souvent échapper des petits sourire, j'avais le rire difficile et Ren faisait partie de ceux qui arrivaient à me faire rire. Pourtant, j'aurais aimé rire avec tout le monde mais, depuis que j'étais amis avec Ren, ce n'était plus possible. Il n'y était pour rien mais, puisque les autres le rejetaient, moi je rejetais les autres. Ren était un ami fidèle, jamais il ne me trahirait et l'inverse était aussi valable. A lui seul il valait tous les amis du monde d'autant que lui, il m'acceptait tel que j'étais réellement, pas besoin de faire semblant! Ren, il en avait bavé pour que je lui accorde ma confiance, ce gars, il était tout simplement génial!