Strange trip with a Cerberus 10/04/10

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Spoiler:

Sage comme une image, la Nippone avait décidé pour une fois de se rendre au Zoo. Kanon était assez pris par son travail, mais bientôt il allait pouvoir s’offrir quelques vacances, certes, qui ne seraient pas de tout repos, mais qui au moins lui permettraient de voir un peu plus la demoiselle. Elle était donc toute seule sur le trajet, ne faisant pas attention à la foule qui comptait s’y rendre, qui était à contre sens, qu’importe, elle était bien heureuse aujourd’hui pour une raison qui lui échappait, quelque chose de totalement indescriptible.

C’est alors qu’un visage lui rappela quelque chose. Une scène idiote, mais qui lui avait plu, car il n’y avait eu aucun sou entendu et Miho n’avait pas ressenti de danger venant de cette personne et c’était bien rare qu’elle ne se méfie pas. Un instant elle hésita. Tout ce qu’elle savait de lui c’est qu’il aimait les sucreries, ou peut-être que ce n’était pas pour lui ? Dans le doute de toute façon, elle préférait acheter de quoi manger et lui permettre de la reconnaitre plutôt que d’y aller les mains vides et de risquer de se faire jeter.

Fort heureusement, dans le coin il y avait quelques vendeurs de barbe à papa et autres mets sucrés. De temps en temps elle jetait un oeil en la direction de l’inconnu histoire qu’il ne lui échappe pas puis se mit à trottiner en sa direction une fois avoir acheté le tout, tapotant l’épaule du jeune homme avec un petit sourire malin pour lui tendre le bâtonnet plein de ce nuage sucré et rosé.

« Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais vous m’avez demandé où j’avais acheté mes bonbons et on a partagé, ça vous dirait de partager avec moi et de m’accompagner au zoo ? »

C’était tout à fait étrange, mais en ce jeune homme elle avait l’impression de retrouver une certaine sensation sans pour autant qu’elle soit similaire à ce qu’elle avait déjà ressenti, quant à savoir quelle sensation dans quelles circonstances, c’était une tout autre chose ! Elle ne comprenait pas, mais puisqu’il n’était pas dangereux, alors tant qu’à faire, essayer de comprendre !

Elle attendit tout aussi sagement sa réponse, grignotant sa propre barbe à papa très lentement en attendant, comme si, la peur d’un refus serait moins amer par la douceur de sa friandise. C’était un peu sa façon à elle d’anticiper même si elle n’était sûre de rien. Miho était un peu stressée, toujours même, mais elle essayait de moins le faire paraître depuis un certain temps, essayant de se convaincre que ça n’en valait pas la peine et qu’il y avait pire... bien pire, tout comme l’apocalypse. Rien qu’en y pensant, elle en eut des frissons !

« Si vous ne voulez pas venir, ce n’est pas grave, j’irais toute seule, mais je me disais qu’on pouvait apprendre à se connaitre... vous allez trouver ça étrange, mais vous n’êtes pas comme les autres alors... je préfère rester avec vous... »

C’était idiot, en effet, mais c’était la vérité et puis... elle était innocente à dire les choses comme ça... alors que réellement, elle en savait bien plus qu’elle ne voulait le dire... du moins, pas sur lui, mais sur ce qu’il se passait dans ce monde.

Kero se promenait. Pas très inhabituel, comme situation, vous me direz. Que voulez-vous, en ce beau samedi, personne ne semblait vouloir descendre aux Enfers. Et pour l'instant personne non plus ne voulait en remonter. Autant en profiter, non ? Bref. Toujours est-il que Kero avait décidé que lui aussi avait bien le droit de profiter de cette belle journée. Entendez par là qu'il allait errer dans les rues de Tokyo en espérant croiser la dernière humaine en date qu'il avait ramené sur Terre. Quel meilleur endroit pour ça que les rues de Shibuya un samedi ?
Il marchait tranquillement, voyant tout, écoutant tout. Parfois il s'arrêtait et observait quelqu'un ou quelque chose. Les humains étaient tellement plus intéressants que les Anges et les Démons ! C'était fascinant.
Il était donc en train de vivre tranquillement sa vie, sans rien demander à personne, quand il sentit quelqu'un lui tapoter l'épaule. Il se retourna pour se retrouver face à un visage qui ne lui était pas totalement inconnu.

« Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais vous m’avez demandé où j’avais acheté mes bonbons et on a partagé, ça vous dirait de partager avec moi et de m’accompagner au zoo ? »

Il oubliait très rarement quelque chose. Kero se souvenait d'elle comme de la gentille fille qui lui avait indiqué le chemin d'une boutique qui vendaient de succulentes sucreries. D'ailleurs, il s'empressa de prendre la barbe à papa qu'elle lui tendait. Qui aurait bien pu refuser pareille offrande ? Pas Kero, en tous cas.
Il n'eut pas le temps de formuler une réponse - trop occupé à mordre dans sa friandise - que la jeune fille reprenait la parole.

« Si vous ne voulez pas venir, ce n’est pas grave, j’irais toute seule, mais je me disais qu’on pouvait apprendre à se connaitre... vous allez trouver ça étrange, mais vous n’êtes pas comme les autres alors... je préfère rester avec vous... »

"Pas comme les autres" ? Perspicace la petite...
Il pesa le pour et le contre en vidant sa bouche. Hum que c'était bon. Ca ne valait pas les gâteux au miel, mais l'apport en sucre était juste merveilleux.
Honnêtement, il ne voyait pas de raison de refuser l'invitation. C'était même plutôt le contraire. Elle avait réussi à titiller sa curiosité. Pas que ce soit vraiment difficile, mais les humains étaient tellement étonnants ! Regardez, celle-là, elle avait abordé un parfait inconnu pour lui proposer de visiter le zoo avec elle. Il aurait pu être n'importe qui, après tout ! Elle parlait beaucoup, mais elle était polie. Et Kero appréciait la politesse.

"Merci pour la barbe à papa. Elle est très bonne. Une visite au zoo, oui, pourquoi pas. C'est le temps idéal."

Ils commencèrent à se diriger vers le zoo ensemble. Kero se concentra pendant une minute sur le sucre qui lui fondait dans le bouche. Il ne s'en lasserait jamais. Il avait un avantage de taille sur les humains : il ne risquait pas d'avoir des caries ! Peut-être que la jeune fille à côté d'elle pourrait lui expliquer ce que ça faisait, d'en avoir une ? D'un autre côté, elle risquait de le trouver bizarre s'il lui posait ce type de questions. Non, le jeu n'en valait pas la chandelle. Mieux valait qu'elle continue à penser qu'il était un humain ordinaire. Quoique, ça pourrait être intéressant de savoir comment elle réagirait, si elle découvrait qu'il était réellement différent d'elle. C'était une option à garder en tête pour plus tard. Quand la petite-
Kero s'arrêta subitement et se tourna vers elle.

"Excusez-moi je vous prie. Je suis d'une impolitesse à toute épreuve. Je m'appelle Kero. Comment dois-je vous appeler ?"

Il était mortifié. Il avait oublié qu'elle ne pouvait pas connaître son nom, contrairement à la majorité des êtres qu'il rencontrait.

Le bâtonnet plein de sucre accepté, Miho se dit qu’elle avait peut-être des chances d’au moins pouvoir lui parler tranquillement et s’il était assez sympathique, peut-être tout simplement qu’elle resterait avec lui sans prendre le temps d’aller au Zoo. Mais sait-on jamais, dans le doute elle a tout de même demandé s’il voulait l’accompagner, lui disant qu’il n’était pas comme les autres, pensant tout simplement que la phrase ne serait pas suspecte puisque de toute façon, elle non plus étant donné comme elle avait abordé l’inconnu sans même un soupçon de méfiance !

Cela dit, rien de plus normal, car elle avait un don très précieux qu’elle ne pouvait rejeter. Si danger il y avait eu à côtoyer cet homme, elle l’aurait senti et n’aurait pas pris la peine de lui acheter une sucrerie, bien trop habituée à fuir le danger pour sa propre survie et ne pas attirer d’ennuie à son entourage angélique comme maléfique.

Le beau temps revenait tranquillement à Tokyo et l’inconnu, sans sourire ni même faire la grimace avait tout simplement répondu « pourquoi pas ? » chose qui fit sourire la poupée, bien contente d’avoir une compagnie plus que rassurante sans même se douter de qui il s’agissait. Cependant, en l’apprenant, elle ne risquait pas d’être choquée, seulement surprise, mais rien de plus étant donné le nombre de personnes qu’elle connaissait et qui n’était pas de ce monde ou appartenait aux deux à la fois.

« Oui, vraiment, il fait beau ! C’est mieux que toute cette pluie ! Merci beaucoup d’accepter de m’accompagner, j’espère ne pas trop vous embêter... vous devez trouver ça bizarre... »

Assez embarrassée de paraître toujours si étrange sans le vouloir et sans pouvoir fournir l’explication tout à fait valable dont elle disposait au risque d’éveiller sa curiosité et de le mettre en danger, la poupée se mordit la lèvre. Oui, elle devait être bizarre, mais en un sens lui aussi d’accepter sans condition si ce n’est une sucrerie de se balader avec une lycéenne. Quel âge avait-il ? D’où venait-il ? Elle ne l’avait jamais croisé si ce n’est lors de leur première rencontre et le trouvait assez charmant, se pourrait-il qu’il soit lui aussi doté de quelques dons ou bien qu’il ne soit pas de ce monde ? Qu’importe de toute façon.

Ils avaient commencé à marcher et... l’homme s’était arrêté, se tournant vers la petite puce l’air désolé. Miho ne comprit que lorsqu’il ouvrit la bouche, trouvant d’ailleurs son prénom très étrange, mais pas plus que la plupart de ceux des habitants de Tokyo, il y avait bon nombre d’originaux dans les parages ! Souriante, toujours, elle s’inclina comme pour lui dire « enchanté » et répondit à son tour :

« Moi c’est Miho ! Enchanté Kero ! On dit que lorsqu’on est à l’aise avec quelqu’un on en oublie certaines politesses... c’est amusant ! J’espère qu’on s’entendra très bien ! »

Finalement, ils atterrirent au lieu convenu, Miho avait voulu un peu de compagnie et il n’y avait rien de mieux que les animaux, elle qui pouvait communiquer avec... seulement, ça allait être un peu plus compliqué avec la présence du jeune homme, mais elle savait faire attention et elle allait le faire d’ailleurs.

Quelques singes s’agitaient dans une immense cage, criant qu’il y avait quelque chose d’étrange dans l’air et que ça ne les rassurait pas, mais pour le commun des mortels ils s’agiraient de cris bestiaux aigus et secoués par des tremblements. La demoiselle aurait bien voulu demander ce qui les mettaient dans cet état, mais n’osa pas le faire en présence du jeune homme, se contentant d’approcher sa main sereinement tout en donnant l’un des met proposé, une simple friandise destinée aux singes.

C’est alors que l’animal lui prit la main à l’aide des deux siennes, chose que Miho craignait, car il l’avait senti et elle rougit légèrement par le stress que quelqu’un ne s’approche et ne se doute de quelque chose. En revanche ce qui n’était pas naturel à ses yeux, c’était que l’animal la lâche pour tapoter l’épaule de son nouvel ami. Au moins, elle ne risquait pas grand-chose de cette façon...

Elle était un peu sous le choc, est-ce que les singes lui jouaient un vilain tour ou bien est-ce qu’il y avait vraiment quelque chose qui se tramait ? Rapidement elle se reprit et tira doucement la manche du prénommé Kero pour qu’il s’éloigne de l’immense cage.

« On devrait peut-être les laisser... je ne pensais pas qu’ils réagiraient comme ça c’est... c’est étrange...hm.. »

Ah oui... le mensonge n’était pas fait pour Miho, mais elle essayait de faire quelques efforts ! Elle se mordit la lèvre, mordant de nouveau dans sa barbe à papa tout en regardant ailleurs. Très convaincante... vraiment très convaincante... ahm...

Un commentaire sur le temps et ils étaient en route vers le zoo. Ils devaient faire un drôle de tableau, en y pensant, avec leurs barbes à papa.
Kero trouvait tout de même la jeune fille un peu silencieuse. Peut-être qu'elle était un peu plus nerveuse qu'il ne pensait, finalement ? Pas qu'il la connaisse beaucoup, mais d'après ce qu'il avait pu voir jusque là, il la pensait continuellement surexcitée. Comme quoi il avait eu raison d'accepter de la suivre. Elle le distrayait agréablement. Quelle superbe idée avait eu Dieu en créant les Humains, vraiment !
Kero s'arrêta soudainement en se rendant compte qu'il avait oublié la plus élémentaire des politesses. "Petite", "jeune fille", "l'humaine", ce n'était pas une façon de parler de - et encore moins à - quelqu'un, vraiment !
Il répondit instinctivement à sa courbette par une des siennes, se maudissant intérieurement. Il avait oublié les révérences si chères au coeur des japonais. Vraiment, Kero, tu te ramollis !

« Moi c’est Miho ! Enchanté Kero ! On dit que lorsqu’on est à l’aise avec quelqu’un on en oublie certaines politesses... c’est amusant ! J’espère qu’on s’entendra très bien ! »

Il se fendit d'un léger sourire pour l'occasion. Elle venait de confirmer son sentiment initial : Miho était gentille. Dit comme ça, ça ne fait pas beaucoup d'effet, mais elle venait en quelque sorte de lui sauver la face. Beaucoup de personnes devaient se détendre et se sentir à leur aise dans son voisinage. Et le tout sans don de quelque sorte que ce soit.

La masse de son nuage rose se ratatinait à vue d'oeil. Peut-être qu'il devrait arrêter d'en manger une minute ou deux ? Pour que la friandise dure plus longtemps ? Oui mais d'un autre côté elle était vraiment bonne... Bon, au pire il pourrait toujours racheter quelque chose plus tard.

Ils arrivèrent rapidement au zoo et, plongé dans ses réflexions sucrées, il s'arrêta machinalement en même temps que Miho, devant une grande cage où des singes piaillaient. Il releva la tête brusquement pour voir que la jeune fille se consacrait entièrement aux animaux. Hum, ça allait être intéressant comme expérience. Il n'était jamais allé dans un zoo. Il se demandait comment des animaux en captivité allaient réagir à sa présence. Les quelques fois où il s'était promené dans un espace sauvage, les animaux l'avaient sagement fuit. D'un autre côté, les animaux de compagnie qu'il pouvait croiser dans la rue ne lui accordaient pas plus qu'un coup d'oeil défiant.
"Passionant" fut la première réaction de Kero. Un frémissement se propagea le long de ses bras et un singe entama un drôle de manège. L'animal attrapa la main de Miho qu'elle avait glissé entre les barreaux pour ensuite venir tapoter son épaule. "Eh bien, petit être, que tu veux dire à la demoiselle ?" Il ne doutait absolument pas que le singe avait tenté de communiquer. La seule vraie question était de savoir si le message avait été reçu. Et puis il y avait eu cette sensation... Peut-être qu'il pourrait faire une ou deux expériences...
Il fut tiré de ses pensées par Miho qui tirait doucement sur sa manche pour l'éloigner.

« On devrait peut-être les laisser... je ne pensais pas qu’ils réagiraient comme ça c’est... c’est étrange...hm.. »
"C'est la première fois qu'ils agissent ainsi avec vous ?"

Pour être étrange... Il ne savait pas ce qu'il était le plus. La réaction du primate, ou le mal à l'aise clairement apparent de Miho ? Il continua de la regarder avec attention, délaissant l'animal qui continuait à criailler dans sa cage. Lui, il n'avait aucune chance de la comprendre, alors qu'elle...

"On peut aller voir d'autres animaux si vous le souhaitez."

Est-ce qu'ils auraient tous le même genre de réaction ? Et est-ce que la drôle de sensation qu'il avait eue se répèterait ?
Si le reste de leur promenade continuait dans ce sens, il allait bien s'amuser !

Si Miho restait plus ou moins silencieuse, c’est qu’elle préparait ses questions, ou tout simplement, qu’elle ne voulait pas effrayer son nouvel ami. Pouvait-elle le considérer comme tel d’ailleurs ? Elle aimerait bien et elle comptait bien à ce que ce soit le cas d’ici la fin de la journée. Du moins, une entente suffisamment bonne pour qu’ils puissent se revoir et partager un autre moment en toute simplicité comme celui qui allait arriver.

Légèrement troublée, la demoiselle crut comprendre que le prénommé Kero était très porté sur les politesses, et même si à la voir aux premiers abords, Miho n’était pas de ce genre... elle l’était également. Cependant, elle n’avait pas envie de gêner l’inconnu, puis elle ne se sentait pas du tout offensée, car tous les deux avaient oublié. C’était à croire que la journée commençait déjà très bien, car l’entente avait l’air d’être très bonne ! Le sourire du jeune homme la laissa perplexe. C’était qu’il pouvait effrayer quiconque passerait à côté sans connaitre son penchant pour les sucreries ? Et également sans posséder ce précieux don en deux parties. La poupée avait de la chance... elle voyait un sourire radieux et assez charmant, surement passant outre les apparences des premiers instants où généralement on se fait une opinion de la personne, qui n’est pas souvent la bonne. Pouvoir en avoir une bonne dès le départ, c’était bien plus agréable !

Ils marchèrent sagement jusqu’au Zoo, savourant chacun leurs sucreries qui, effectivement avaient diminuées en masse, aussi bien la sienne que celle du cerbère. La cage des singes semblait être idéale pour faire une halte, du moins c’était ce qu’avait pensé la demoiselle avant que l’un des singes ne lui parle et ne s’approche d’un peu trop près !

Soucieuse de ne pas révéler son don, elle se mordit la lèvre en essayant d’éloigner le jeune homme de la cage, ce qui marcha à merveille puisqu’il ne refusa pas. Il lui demanda si c’était la première fois et... autant ne pas mentir, ça se serait vu comme le nez au milieu de la figure chez la lycéenne. Elle rougit légèrement en balbutiant quelques mots.

« En fait... ça m’arrive quelquefois... mais... je ne comprends toujours pas pourquoi... »

Fort heureusement il demanda ensuite d’aller voir d’autres animaux, si ça ne l’embêtait pas et, non, pas du tout évidemment. Elle sourit, bien contente d’échapper à de nouvelles questions avant de se rendre compte qu’il l’avait peut-être piégé ! Sans pour autant avoir de mauvaises intentions, le jeune homme cherchait peut-être à savoir si ce genre de réaction allait se reproduire... dans un zoo, avec un inconnu... bravo Miho, il n’y avait pas à dire, la demoiselle était douée pour s’attirer des ennuis, encore, qu’il n’y avait rien à craindre !

Elle crut bon de changer de sujet et de se diriger vers un autre endroit, un peu plus calme surement, car les cris des primates n’étaient pas de tout repos, qu’elle les comprenne ou pas, d’ailleurs, ça n’y changeait rien.

« C’est la première fois que vous venez au zoo ? Vous avez déjà vu ce genre de réactions ? Est-ce que... vous trouvez ça normal que les singes s’agitent ainsi ? Ce n’est peut-être pas de notre faute... mais c’est bizarre »

Réellement, Miho ne posait pas toutes ces questions à Kero, non, elle disait tout haut ce qu’elle pensait fortement, n’attendant pas trop de réponses tout en voulant savoir... pourrait-il lui en apporter ? Aucune idée. Quoi qu’il en soit, elle sourit tranquillement tout en voyant des animaux bien plus sages d’ordinaire : des Koalas. Mais la demoiselle se méfiait... espérant que l’expérience ne serait pas renouvelée... sauf qu’il y avait de fortes chances pour que ce soit le cas. Le coeur battant, elle s’avança vers la cage, sans trop l’approcher cette fois-ci, regardant ça et là pour ne pas trop attirer leur attention.

Kero était aussi vieux que les Enfers. Tout le monde le savait et tout le monde en déduisait que s'il était toujours en vie au bout de tout ce temps, c'est qu'il était d'une puissance incommensurable. Ils n'avaient pas tort. Il était dur de le comparer à qui que ce soit, il n'avait même pas beaucoup de points communs avec les autres Créatures, de Dieu comme de Lucifer. Mais c'était peut-être avec les plus vieux Anges et Démons que l'on trouvait le plus de similitudes. Plus jeune que les Anciens, mais plus vieux que la plupart des autres encore en service. Il partageait le même fardeau que bon nombre d'êtres aussi âgés : l'ennui. Garder la Porte devenait beaucoup moins excitant après quelques centaines d'années et une fois sa réputation établie. C'est probablement pour ça qu'il avait développé une curiosité à toute épreuve. Il était constamment à la recherche de nouvelles histoires, de nouveaux lieux, de nouvelles personnes ; en bref, de nouvelles distractions.

En ce beau samedi d'avril, Kero avait trouvé son divertissement du jour. Enfin, c'était plutôt la distraction qui l'avait trouvé. Elle avait pour nom Miho, ce qui en soi aurait probablement suffit, et elle l'emmenait au zoo, ce qui était un agréable bonus. Car même s'il le cachait bien, Kero n'était jamais allé au zoo, ne voyant pas l'intérêt d'observer des créatures en cage. Il en voyait quotidiennement. La cerise sur le gâteau : elle l'avait fourni en sucre.

Une étonnante sensation lui avait relevé le nez de sa barbe-à-papa. Comme un frisson. Voire une vibration dans l'air. Peu importe. C'était quelque chose qu'il n'avait ressenti, et en tant que tel, c'était hautement digne d'attention. D'autant plus si on ajoutait à cela l'étrange manège de l'animal. Il avait rapidement décidé que le singe qui avait l'air de parler à Miho n'était que ça, un singe. Il s'était donc retourné vers la seule personne qui pourrait peut-être satisfaire sa curiosité.

« En fait... ça m’arrive quelquefois... mais... je ne comprends toujours pas pourquoi... »

Une petite lueur s'alluma dans son oeil en observant la réaction de Miho : la légère rougeur qui apparut sur ses pommettes, le balbutiement... La charmante demoiselle cachait-elle quelque chose ? Ou était-elle simplement embarrassée, voire effrayée ?
Kero avait bon espoir d'avoir, si ce n'était des réponses, tout du moins des débuts de pistes d'ici la fin de leur visite au zoo. Il recommença à manger sa barbe-à-papa tout en suivant Miho vers une autre cage. Il était plus concentré sur la jeune fille à ses côtés que sur sa sucrerie, cette fois.

« C’est la première fois que vous venez au zoo ? Vous avez déjà vu ce genre de réactions ? Est-ce que... vous trouvez ça normal que les singes s’agitent ainsi ? Ce n’est peut-être pas de notre faute... mais c’est bizarre »
"Oui, c'est la première fois que je vais dans un zoo. Donc je ne sais pas comment se comportent habituellement des animaux en captivité. En revanche, je sais que la plupart des animaux ne m'apprécient que très modérément."

Kero s'était demandé pendant à peu près une seconde s'il devait lui parler de sa relation avec les animaux. Et puis il s'était rappelé que certains humains avaient également de mauvaises relations avec les animaux. Bien qu'il soit à peu près sûr que ce ne soit pas pour les mêmes raisons.
Il finit sa friandise, jeta la bâton dans une poubelle et reprit :

"Le plus étonnant, je trouve, c'est l'attitude qu'a eu ce singe. J'aurais pu jurer qu'il essayait de vous dire quelque chose. Vous ne parleriez pas le primate, par le plus grand des hasards ?"

Humour ou non ? Dur de dire. Kero n'était pas le genre de personne à déclarer sûr de lui que les licornes n'existaient pas. Après tout, lui-même n'était pas censé exister. Peut-être que les licornes étaient simplement bien cachées.
Ils étaient arrivés devant les koalas. Il eut un léger sourire en voyant Miho s'avancer précautionneusement vers les barreaux de la cage. Peut-être qu'elle était réellement effrayée. Il alla se mettre à sa hauteur.

"Rassurez-vous, les koalas sont moins agressifs que les singes. Et ils sont aussi beaucoup plus silencieux !"

Kero était sûr que les koalas se seraient réfugiés hors de vue s'ils avaient été sauvages. Il n'y avait que quelques prédateurs qui ne le fuyaient pas. Mais devant des animaux qui étaient probablement nés dans ces cages, observés par les humains, il ne savait que penser. Et c'était très stimulant.

Il n’y avait toujours rien de dangereux, ni même le regard pourtant très suspect de son nouvel ami, ni quoi que ce soit d’autre. Mais, préférant rester sur ses gardes, la demoiselle avait pris l’initiative de ne rien dire et de feindre l’ignorance. Ça ne lui ressemblait pas et on pouvait tout simplement en l’observant, deviner que quelque chose clocher, peut-être était-ce le cas de Kero ? De toute façon il ne pouvait pas poser mieux que cela comme question, à moins de lui demander directement la vérité, ce qui serait, une fois de plus, très suspect.

Ils continuèrent leur balade en se dirigeant vers d’autres cages, finissant leurs sucreries. Visiblement celle du cerbère avait déjà eu raison de lui, tandis que Miho grignotait les derniers morceaux qu’il restait, proposant d’ailleurs au jeune homme de l’aider en lui lançant un sourire gêné. Puisque le sucre était son allié, autant lui faire profiter du surplus sur sa barbe à papa puisqu’elle allait avoir du mal à terminer malgré la quantité de nourriture qu’elle pouvait d’ordinaire ingérer. Peut-être le stress qui jouait en sa défaveur ?

Elle finit par lui demander si c’était la première fois qu’il voyait une réaction comme celle-là, et la première qu’il venait au zoo, et visiblement oui. La suite fut étrange elle aussi, lui cachait-il à son tour quelque chose ? Ou bien était-ce simplement la vérité ? D’ordinaire, si les animaux n’approchaient pas quelqu’un c’est qu’il était dangereux pour eux... mais, elle n’avait rien ressenti.

La lycéenne se mordit la lèvre, puis ne put qu’exploser de rire, ne s’étant pas du tout attendue à ce genre de question ! Bien qu’elle soit habituée aux réactions en tout genre, parler primate, c’était vraiment la toute première fois que l’on le lui demandait. Lorsqu’elle reprit son calme, c’est avec un joli sourire qu’elle posa ses yeux sur le jeune homme et répliqua aussitôt.

« Ah non ! Pas que je sache ! Je suis aussi surprise par sa réaction que vous, il ne faut pas croire ! »

Même si elle s’y attendait un peu, mais... pas à autant de mouvement et de tentative de la part d’un animal qui à l’habitude des regards indiscrets, ce pourquoi, un tour chez les koalas était préférable, eux au moins ils ne risquaient pas de la faire remarquer ! D’ailleurs la remarque de Kero la rassura. La petite humaine s’approcha donc, un peu plus confiante et essayant de capter un regard, juste pour vérifier. Et ce fut une nouvelle fois surprenant, car l’un d’entre eux la regarda à son tour, tentant encore une fois de communiquer avec elle pour lui dire qu’il se tramait quelque chose, que l’air était mauvais depuis quelques jours et qu’il fallait se mettre à l’abri, car le centre de Tokyo allait être enclin à un grand danger. Qu’était-ce ?

La poupée se mordit la lèvre, les koalas n’aimaient pas non plus Kero, sans pour autant lui jeter de regards sombres, ils ne l’aimaient pas et elle n’avait aucune envie de demander pourquoi, car, elle devait le dire à voix haute et qu’elle n’en avait pas véritablement envie, ce serait presque comme, percer à jour son secret ! Elle n’avait pas non plus envie de perdre son nouvel ami à cause de ses bizarreries, ce qui était fréquent, surtout étant donné son âge !

Fort heureusement, ces animaux-là étaient plus discrets, ils ne risquaient pas de bouger ou de s’approcher de trop près. La demoiselle avait du coup un peu de chance d’échapper à un nouvel interrogatoire au sujet de son don, en revanche, le cerbère lui, allait devoir en subir un, sans pour autant que ça y ressemble, car la nipponne devait se montrer discrète à son tour et ne pas éveiller les soupçons, comment s’y prendre cela dit ?

« Pourquoi les animaux ne vous aiment pas ? Vous les aimez, vous ? Vous ne seriez pas venu au zoo si vous ne les aimiez pas... enfin, je ne sais pas. Ah, depuis quand aimez-vous les sucreries ? Vous en voulez encore ? Attention à vos dents par contre ! »

Elle passait du coq à l’âne, mais ce n’était pas grave, au moins c’était tout à fait digne d’elle, elle posait ses questions tout en essayant d’éclairer la situation, même si en réalité elle fabulait bien plus ! Elle était toujours excitée à l’idée de tomber sur des gens spéciaux, car même si elle n’était qu’une humaine, elle se sentait bien plus proche des êtres les plus étranges que de ses propres confrères et consœurs. En revanche, elle était bien loin de se douter qu’aujourd’hui, c’était sur l’une des créatures les plus vieilles de Lucifer et les plus vaillantes, qu’elle se faisait des films.

Il lui avait demandé si elle parlait primate. Après tout, pourquoi pas ? Kero avait déjà vu des choses plus étonnantes. Mais vu sa réaction, il avait eu tort.
Il ne put que sourire devant le rire de Miho et attendre qu'elle se remette de ses émotions.

« Ah non ! Pas que je sache ! Je suis aussi surprise par sa réaction que vous, il ne faut pas croire ! »

Alors elle aussi avait été surprise par le manège du singe ? Eh bien, au moins ça voulait dire qu'elle ne l'avait pas volontairement causé. Quoique, elle aurait pu lui mentir, mais Kero était convaincu qu'elle lui disait la vérité. Son hésitation devant la cage des koalas renforça ce sentiment. Il se dit que peut-être elle avait peur, c'est pourquoi il la rassura de quelques mots et s'approcha avec elle.
Il le sentit tout de suite. La même sensation qu'avec les singes. Bien que les koalas n'avaient pas l'air de se comporter bizarrement. Ca n'avait pas duré longtemps, mais Kero était sûr de ne pas s'être trompé. Il avait senti quelque chose. Restait à savoir quoi.
Il fut tiré de ses réflexions par la voix de Miho.

« Pourquoi les animaux ne vous aiment pas ? Vous les aimez, vous ? Vous ne seriez pas venu au zoo si vous ne les aimiez pas... enfin, je ne sais pas. Ah, depuis quand aimez-vous les sucreries ? Vous en voulez encore ? Attention à vos dents par contre »
"Les animaux savent que je suis un plus grand prédateur qu'eux. Ils ont tendance à choisir la prudence et à me fuir, bien que je n'ai rien contre eux."

Kero s'était dit qu'il serait drôle de voir comment allait réagir la jeune fille face à la vérité. Alors il avait répondu avec un petit sourire. Il dut réfléchir pendant quelques secondes avant de répondre à la deuxième question. Quand est-ce qu'il avait commencé à aimer les sucreries ? Très longtemps, c'était sûr, mais plus précisément...

"La première fois que j'ai goûté, je crois. C'est difficile à dire, ça fait vraiment très longtemps !"

Probablement encore plus longtemps qu'elle pouvait bien se l'imaginer, d'ailleurs, mais il ne prit pas la peine de le préciser.
Bon, il avait répondu à ses questions. Chacun son tour non ? C'est qu'il commençait à sérieusement vouloir des réponses. Il était de plus en plus sûr que la drôle de sensation qu'il avait déjà ressentie deux fois venait d'elle. Il pouvait difficilement lui demander directement sans se trahir, et bien qu'il n'essaye pas particulièrement de passer pour humain, il n'avait pas non plus de terrifier la jeune fille.

"Alors comme ça, il se passe souvent des choses bizarres quand vous êtes prêts des animaux ? Ou c'était juste une erreur de parcours ? Il ne s'est rien passé avec les koalas, si ? Peut-être que c'est parce qu'ils sont plus calmes que les singes... Qu'est-ce que vous en pensez ?"

Kero avait une énigme à résoudre, et ce n'était pas une petite humaine qui allait le détourner de ses questions ! Au pire, si elle se braquait... Rien ne servait d'y penser tant que ce n'était pas le cas.

"Oh et non, merci, la barbe-à-papa m'a suffit. Trop de sucre tue le sucre !"

Pas qu'il risquait de grossir ou d'avoir des caries, mais il ne pouvait tout de même pas décemment passer son temps à manger. Il tâcherait donc de faire sans pour un moment.
Kero trouverait le fin mot de l'histoire, il en était sûr. Et peut-être qu'il pourrait garder Miho avec lui ? C'est qu'elle était drôlement distrayante, cette petite humaine.

Si Kero n’était pas humain, Miho ne l’aurait pas senti, mais elle aurait pu sentir le danger s’il en présentait un, c’était l’instinct animal qui sommeillait en elle à cause, ou grâce à son don, tout dépendait du point de vue. En tous les cas, le jeune homme aurait ressenti cette étrange ambiance, ces regards suspects et pourtant anodins entre la jeune fille et les koalas. Son coeur battait assez rapidement, mais elle essayait de se calmer, se disant que personne ne viendrait attaquer une demoiselle dotée d’un ange gardien dont l’aura était profondément ancrée dans la sienne, puisqu’il était en plus de cela son petit ami. Cela dit, personne ne pouvait s’en douter.

C’est avec malice qu’elle se détendit, grâce à la question saugrenue de l’inconnu devenant peu à peu un être fiable aux yeux de la poupée qui voulait croire en l’humanité, ou tout simplement en la bonté de cette personne. Elle était vraiment loin de s’imaginer qui il était réellement et si elle l’avait su ça n’aurait surement rien changé, car étant donné la vision que le commun des mortels imaginait des anges... il y avait de quoi rire et franchement, mieux valait ne pas imaginer l’image que Cerbère avait.

Ses questions se firent entendre, à mesure qu’elle se sentait en confiance elle se livrait plus facilement, mais pas assez pourtant pour révéler ses secrets. C’était tout de même bon signe... et puis, s’il lui révélait les siens sans le vouloir ou en étant volontaire... elle serait plus apte à le faire également. Pourquoi me diriez-vous ? Parce que le paranormal, ou le surnaturel déliait les langues pour ces deux-là... n’étant pas du tout communs. Le chien des enfers avait l’avantage d’être plus expérimenté et bien plus au courant de ces choses-là que la simple petite humaine dotée d’un don étrange qu’était Miho.

Sa réponse l’étonna grandement d’ailleurs ? C’était une blague ? Un prédateur ? L’homme ? Ou bien faisait-il référence à autre chose ? Elle ne l’avait pas senti, aucun danger, alors que Sakuya Toya, un ange très puissant l’effrayait quelque peu. Il n’était pas dangereux, mais pouvait l’être... est-ce que cet homme en face d’elle en était un ? Est-ce qu’il était plus puissant que son ange de patron ? Qui sait... elle le regarda avec un oeil suspect, penchant la tête sur le côté, aucunement gênée ou effrayée par de telles paroles aussi mystérieuses soient-elles. La suite était bien moins excitante, mais tout aussi mystérieuse, bien qu’un peu plus banale. la lycéenne ne se posa pas trop de questions.

Alors qu’ils se dirigeaient sans trop s’intéresser à l’endroit où leur marche les menait, le plus vieux posa une question, ou, disons plusieurs, devenant un peu plus bavard, c’était encourageant. Miho sourit, légèrement troublée, car il avait mis les pieds dans le plat, ou... peut-être qu’il aimait vraiment être franc avec elle ? Qu’importe, il dévoilait ses doutes et donnait à Miho l’opportunité de penser qu’il n’était pas « normal » lui aussi.

« En fait ce n’est pas la première fois et... ce ne sera pas la dernière. Je ne suis pas encore très bien habituée... et puis, il s’est passé quelque chose avec les koalas... mais je ne vous le dirai pas, parce que si vous l’avez senti, c’est que vous aussi vous êtes spécial... et je ne sais pas qui vous êtes du coup »

Elle aussi, elle avait joué la carte de la franchise et c’était peut-être mieux comme ça. Elle s’inclina poliment pour lui montrer que ce n’était pas un manque de respect, car mine de rien, il n’avait pas été brusque dans ses questions, juste, il avait l’air amusé et ça lui plaisait bien. Elle aussi voulait des réponses et de cette façon, tous les deux pouvaient l’avoir et pas seulement l’un des deux.

Concernant la sucrerie, elle sourit encore, la plupart des gens auraient dit « je risquerais de grossir » ou bien « j’aurais mal aux dents », mais pas lui ! Il était différent et même s’il n’était pas spécial, elle aimait cette distinction qui le différenciait tant des autres. Bientôt, ils atterrirent dans une partie spéciale du Zoo, ils avaient passé les écureuils volants, les pandas et autres bestioles à poils qui faisaient généralement craquer une bonne partie des visiteurs pour les prédateurs redoutés, fauves et autres bébêtes, notamment aquatiques comme les crocodiles... allaient-ils réagir de la même façon ? Eux qui étaient d’ordinaire si surs d’eux ? Et en présence de Kero ? Seraient-ils fiers ? Puisqu’il avait dit être prédateur bien plus redoutable... elle avait envie de savoir s’il l’était plus qu’eux.

Parmi les êtres surnaturels, il y avait ceux qui cachaient leur nature aux humains et ceux qui au contraire ne faisait rien pour paraître humain. Kero se plaçait quelque part entre les deux. Il bridait sérieusement son aura sur Terre, mais n'essayait pas particulièrement de s'intégrer dans la société humaine. Résultat, les humains le prenaient, au mieux pour un sympathique original et au pire pour quelqu'un à éviter à tous prix. Il était forcément humain à leurs yeux, puisque rien d'autre n'existait pour eux.
Il s'était ainsi aperçu au fil des décennies qu'il pouvait très bien répondre par la vérité aux questions des rares humains qui étaient plus perspicaces que leurs congénères. Il y a longtemps, ils étaient plus enclins à le croire. Mais ce n'était plus le cas désormais. Déclarez à un humain "je suis un démon et je veux ton âme" et il vous rira au nez. Ceux qui affirment croire en Dieu ou au surnaturel refusent pourtant pour la plupart de le reconnaître quand il fait irruption dans leur quotidien.
Alors oui, Kero disait souvent la vérité aux humains. De toutes façons ils ne l'écoutaient pas vraiment. Deux seuls êtres auraient peut-être pu le faire changer d'avis, mais voyons les choses en face : Dieu ne se préoccupait pas de lui et Lucifer n'en avait rien à faire. C'est donc ce qu'il faisait avec Miho : il lui répondait avec honnêteté, bien que laissant peut-être certaines choses dans l'ombre. Il répondait à sa question, puis lui en posait une. C'était ce qu'on appelait un échange de bons procédés, non ?

Miho eut l'air troublé par ses réflexions, mais elle lui répondit malgré tout.

« En fait ce n’est pas la première fois et... ce ne sera pas la dernière. Je ne suis pas encore très bien habituée... et puis, il s’est passé quelque chose avec les koalas... mais je ne vous le dirai pas, parce que si vous l’avez senti, c’est que vous aussi vous êtes spécial... et je ne sais pas qui vous êtes du coup »

Alors il avait bien raison. Elle était à l'origine de ce qu'il avait ressentit. Restait à savoir ce qu'elle avait fait exactement. Elle aurait pu contrôler le singe. Mais ça n'allait pas avec le reste. Pourquoi aurait-elle eu peur ? Et les koalas n'avaient rien fait. Alors quoi ? Kero se souvint de cet homme dont il avait entendu parler, il y a très longtemps. Il vivait en ermite au milieu de la forêt et clamait pouvoir parler avec les animaux. Pourquoi pas ? Il avait vu des choses plus folles au cours de son existence. Ou bien il faisait complètement fausse route et ça n'avait aucun rapport avec les animaux. Après tout, Miho pouvait être médium, et avoir tailler une bavette à un ou deux fantômes qui traînaient, pour ce qu'il en savait !
Non, ce n'était pas vrai. Il savait que c'était - quoi que ce soit - en rapport avec les animaux. Miho avait dit qu'il s'était passé quelque chose avec les koalas.

"Qui je suis ? Pourquoi, vous avez peur que je vous agresse, tout d'un coup ? Et si je vous disais que j'étais le fils de Lucifer ?"

Une lueur d'amusement au fond de ses prunelles, il se fit la réflexion que c'était en fait le cas. C'était ainsi qu'était nommé le créateur de quelque chose, n'est-ce pas ? Le père de Frankenstein, le père de la bombe atomique...

Avec quelqu'un d'autre, il se serait attendu à voir de la peur ou de la révulsion. Mais il ne savait pas ce que pourrait faire ou dire la jeune humaine face à lui. Elle le surprenait depuis le début. Kero espérait bien qu'elle ne le décevrait pas maintenant.

Ils étaient arrivés dans la partie du zoo réservée aux prédateurs et s'étaient arrêtés devant l'enclos des loups. Chose dont Kero s'aperçut quand il sentit un regard transpercer sa nuque. Se retournant lentement, il vit que l'un d'eux s'était avancé aussi près qu'il le pouvait de la grille et le regardait fixement, tout dans son attitude criant un avertissement. Exaspéré, Kero le fixa dans les yeux jusqu'à ce que l'animal parte se réfugier hors de portée des regards. Comme s'il allait sérieusement s'en prendre à Miho ! Déjà il n'avait aucune raison de lui faire du mal, et ensuite, en plein jour, dans un zoo, entouré d'humains ? Ca ne lui apporterait que des ennuis. Changement d'enveloppe corporelle et tout ce qui allait avec. Merci, mais très peu pour lui !
Il rattrapa le filet d'aura qui lui avait échappé pour refaire face à la jeune humaine. Puis il lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques minutes. Curiosité quand tu nous tiens...

"Alors dites-moi, vous leur faites quoi, aux animaux ?"

Donnant-donnant. Il commençait à en avoir marre de tourner autour du pot. Il voulait savoir le fin mot de l'histoire avant d'être rappelé à la Porte par un idiot voulant échapper à son Cercle.

Plus elle passait de temps avec le jeune homme et plus Miho sentait qu’il était différent, mais il n’y avait aucun danger et elle se fiait totalement à cette partie de son don. Elle avait peur de se tromper, bien sûr, comme tout le monde et rien n’était infaillible, surtout pas elle, surtout pas ses capacités, après tout elle ne savait ni d’où ça venait, ni même si ça s’arrêterait un jour, mais... elle en profitait bien pour l’instant.

Il était vrai que la demoiselle était bien plus apte à accepter qu’il soit différent que la plupart des gens, car elle était spéciale, car... il y avait tellement de superstitions et si peu de preuves de l’existence des créatures surnaturelles que l’homme avait surement oublié peu à peu et perdu ses croyances, c’était aussi la raison pour laquelle il allait sombrer, sa croyance ne tenant plus, le taux de suicides, de crimes et d’autres terribles choses avait grimpé affreusement, c’était fort regrettable et parfois la petite humaine se disait que par de mauvaises personnes, elle était punie, condamnée elle aussi à périr, c’était injuste.

Mais, suspicieuse, elle n’oublia pas la question posée, attendant qu’il lui réponde après avoir donné une réplique qui devait surement le satisfaire, ça le mettait sur la piste du moins. Si Kero était curieux, à tous les coups elle avait des chances de savoir, sauf s’il n’avait aucune envie de lui révéler. Ça ne la dérangeait pas, du moment qu’il ne la tuait pas et qu’il ne s’apprêtait pas à commettre un meurtre sous ses yeux ! Sa réponse la surpris, elle écarquilla les yeux, s’arrêta un instant et pencha sa tête sur le côté. Puis finalement, franchis les quelques pas qu’il lui restait pour être à la hauteur de son nouvel ami.

« Non, simple curiosité, je pense que si vous aviez voulu m’agresser vous l’auriez déjà fait. Le fils de Lucifer ? Sérieusement ? Je ne suis pas si naïve... vous êtes un démon alors ? »

Il fallait l’excuser, la demoiselle était assez limitée, elle connaissait la mythologie et les histoires religieuses, mais en aucun cas elle n’avait pensé à Cerbère. En même temps, sa logique était humaine, bien qu’elle aurait très bien pu comprendre avec le feeling qu’elle avait puisqu’étant plus ou moins « animal » lui aussi, sans en avoir l’apparence pour autant, elle devait forcément s’entendre, qu’il soit démoniaque ou angélique, ou même ni l’un ni l’autre, elle s’entendait avec pratiquement tous les animaux.

« Ça doit vous paraître bizarre que je ne réagisse pas comme les autres, je n’ai pas peur pourtant, j’ai senti que vous étiez différent... et... si je n’ai pas peur à vrai dire c’est que vous ne dégagez rien de dangereux... »

Une explication compliquée, mais véridique ! Les voilà finalement arrivés devant une cage de loups et l’un d’eux grognait comme s’il craignait le jeune homme, seconde surprise pour la lycéenne qui ne comprenait pas ce qu’il se passait. Elle regarda le loup s’éloigner alors qu’elle avait terriblement envie de lui demander ce qu’il y avait. D’ailleurs, trop habituée aux bêtes, elle s’était approchée un peu trop près de la cage, ses mains sur la grille de protection à environ un mètre des barreaux de la cage.

« Attends ! Ne t’en va pas, qu’est-ce qu’il y a ? »

Elle parlait, comme s’il s’agissait d’une personne et le loup couinait en regardant l’ami de la petite humaine, grognant encore une fois avant de disparaitre dans l’ombre. Ce n’était pas une révélation, il y avait quelque chose avec cet homme elle le savait fort bien et les animaux ayant un sixième sens concernant le danger en savait bien plus qu’elle, cependant, pourquoi ne l’avait elle pas ressenti ? La question du jeune homme sortit la Nippone de ses pensées alors qu’elle se mordit la lèvre, soudainement peu sure d’elle.

« Je parle aux animaux, vous avez votre réponse complète, est-ce que vous pouvez me dire qui vous êtes concrètement ? »

Au moins, ça avait le mérite d’être aussi clair que ce qu’il avait demandé ! Et elle en espérait autant. Cette journée était bien plus riche en émotions qu’elle l’aurait cru et finalement cette petite balade au zoo était très enrichissante et très prometteuse. D’ailleurs, ça lui plaisait beaucoup de tomber sur quelqu’un d’autre, comme elle peut-être ? Elle n’en savait rien, mais c’était plaisant, car il l’avait vu dans ses bons jours et parce qu’en plus il n’avait pas employé les mauvais mots : pas de mort, pas question de guerre, elle était bien loin de ça et elle espérait que lui aussi, ou bien qu’il fasse preuve de compassion, pas comme cet ange qui ne méritait pas d’en être un. Rien que d’y penser, elle en eut des frissons !

Spoiler:

Les humains sont des créatures tellement fragiles et éphémères. Ils vivent rarement plus de 100 ans, se font constamment la guerre, leurs os sont fragiles, et leur peau censée être une protection l'est encore plus. Tout ce qu'ils ont pu faire, de bien comme de mal, n'est dû qu'à une chose : le libre-arbitre que Dieu leur a accordé en les créant. Cadeau empoisonné s'il en est, d'ailleurs ils ne semblent jamais vraiment sûrs d'en vouloir. Résultat : les Démons et les Anges passent leur temps à se disputer les pauvres âmes de ces êtres, au final bien insignifiants.
Malgré tous ces défauts, beaucoup de créatures surnaturelles, sans forcément les apprécier, trouvaient les humains fascinants. Pour certains c'étaient comme observer une fourmilière de l'intérieur, en pouvant interagir avec les fourmis. Oui, des fourmis. Il ne fallait pas s'attendre à beaucoup plus de considération de la plupart des Anges et Démons. Pour sa part, Kero trouvait en la compagnie des humains en parfait antidote contre l'ennui : ils le surprenaient ou tout du moins l'amusait. Vraiment il les aimait bien, en règle générale. Mais au final, ils n'étaient que des humains. Mais il ne fallait pas voir un quelconque mépris de l'humanité chez Kero. Il accordait à peu près autant d'importance aux Démons et aux Anges. c'était un comportement littéralement écrit dans sa personnalité : impartial et qui se sent concerné par très peu de choses.

D'ailleurs, s'il disait la vérité à Miho, c'était purement pour se divertir. Les réactions de la petite humaine l'amusaient profondément. Par exemple, quand il lui avait annoncé être le fils de Lucifer. Elle en avait écarquillé les yeux de surprise, la petite Miho. Ah, elle ne s'y attendait pas, à celle-là !

« Non, simple curiosité, je pense que si vous aviez voulu m’agresser vous l’auriez déjà fait. Le fils de Lucifer ? Sérieusement ? Je ne suis pas si naïve... vous êtes un démon alors ? »

C'est là qu'il se posa réellement la question pour la première fois. Est-ce qu'il devait vraiment lui dire la vérité ? Parce que la perche était vraiment facile à saisir, là... Sinon il lui répondait la vérité, encore une fois, et attendait sa réaction. Qu'est-ce qu'il serait le plus divertissant ? Tant pis pour la vérité finalement, c'était trop tentant !

"Eh bien, je ne savais pas que j'avais l'air démoniaque !"
« Ça doit vous paraître bizarre que je ne réagisse pas comme les autres, je n’ai pas peur pourtant, j’ai senti que vous étiez différent... et... si je n’ai pas peur à vrai dire c’est que vous ne dégagez rien de dangereux... »

Kero avait un petit sourire en lui répondant, parce que vraiment, c'était la première fois qu'on la lui faisait celle-là. Enfin, peut-être qu'il avait déjà entendu ce genre de remarque avant, mais pas avec un corps d'apparence aussi inoffensive ! Mais il redevint sérieux en entendant l'explication de Miho. Il ne voulait qu'elle pense qu'il se moquait d'elle, parce que ce n'était pas vrai. Qu'elle soit légèrement perdue était tout à fait légitime. Après tout, elle n'avait probablement que peu connaissance de tout ce qu'il se passait autour d'elle, dans l'ombre.

"Excusez-moi, je n'avais pas l'intention de vous froisser."

Il n'eut pas le temps d'en dire plus car ils étaient arrivés devant un enclos de loups et l'un d'eux lui vrillait la nuque de son regard menaçant. Regard qu'il lui rendit, d'ailleurs. Allons bon, faire du mal à la petite Miho alors que jusque là elle l'avait si bien diverti ? Dans un lieu public, en plus. C'était bel et bien bon de vouloir défendre l'humaine, mais tout de même. Il était idiot, pour le coup, ce loup.
Kero eut la surprise de voir Miho s'avancer pour retenir le loup alors que celui-ci disparaissait au fond de son enclos.

« Attends ! Ne t’en va pas, qu’est-ce qu’il y a ? »

Il la regarda avec intérêt parler à un loup comme s'il était humain et allait lui répondre. Il finit par lui poser la question, parce que bon, il pouvait être patient quand il le fallait, mais là il ne voyait pas trop pourquoi il devrait attendre encore plus longtemps. Et puis imaginez, s'il devait retourner à la Porte sans avoir le fin mot de l'histoire... Donc, il lui posa la question.

« Je parle aux animaux, vous avez votre réponse complète, est-ce que vous pouvez me dire qui vous êtes concrètement ? »
"Je suis le Gardien de la Porte des Enfers. Enchantée, Mademoiselle", ajouta-t-il avec une petite révérence.

Sa réponse avait été d'une honnêteté à toute épreuve. Il pouvait difficilement en faire moins. Et puis, Miho l'aurait au moins sauvé de l'ennui pendant un moment. Elle méritait bien la vérité. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre. Il savait d'expérience qu'à ce point-là, tout pouvait arriver.
Mais de tout de même, parler aux animaux... Ca pouvait être très pratique, ce genre de talent. Les animaux avaient très souvent un instinct beaucoup plus développé que celui des humains. Ils savaient certaines choses et ils ne remettaient pas ce savoir au doute, eux, ils l'acceptaient, tout simplement. Kero se demanda soudainement si Miho avait adopté un animal. Ce ne serait pas surprenant vu soin don et honnêtement, ce serait probablement une bonne idée. Du moins, ça lui donnerait peut-être une minuscule chance de plus que les autres.

Spoiler:

La curiosité est un vilain défaut, ce proverbe est bien connu de tous, mais Miho l’ignorait la plupart du temps, se mettant dans des situations plus que dangereuses. Pourtant, elle faisait attention à ce que lui dictait son instinct et par conséquent son « don », ce qui l’empêchait bien souvent d’éviter la mort... ou quelques fâcheuses situations. Avec Kero elle n’avait rien ressenti, alors soit, il ne devait pas en vouloir à sa vie... c’était l’essentiel.

Mais lorsqu’il lui dit qu’il était fils de Lucifer, elle ne le crut pas pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas imaginé le prince des ténèbres avoir un fils, à moins qu’il y ait une autre appellation dans le genre ? Elle retourna sa réaction en une question, était-il un démon ? Bien vite, Kero ne tarda pas à se moquer... enfin, c’est ce que la petite humaine croyait se mordant la lèvre. Elle aurait bien voulu le gronder en lui disant que ça n’était pas la peine de se moquer, mais... il s’était excusé et incliné qui plus est en disant qu’elle n’était pas la cause de ce fou rire soudain.

La demoiselle se promit de lui demander quelle était la cause alors, mais... ce n’était pas pour tout de suite puisqu’un animal attira son attention en reculant de la sorte. Lui avait peur... alors qu’elle ne comprenait pas. La brune se mordit la lèvre, regardant le jeune homme qui lui était tout à fait serein. Puis lui révéla finalement en quoi consistait son secret le plus cher... ou presque ! En retour il lui dit enfin ce qu’il représentait et la Nippone ouvrit la bouche en poussant :

« Ah, c’était donc ça ! »

Bien qu’elle n’avait aucun moyen de vérifier si ange ou démon, ni même don il possédait, elle avait senti la différence ne serait-ce que par la présence des animaux du zoo. En pensant cela, la lycéenne sourit, se disant qu’elle devrait mener bon nombre de ses camarades ici pour vérifier qu’ils étaient bel et bien normaux... mais bizarrement, le plus souvent il n’y avait même pas besoin de cela. C’est donc en s’inclinant poliment que la demoiselle accepta les présentations, toujours souriante.

« Ne vous moquez pas cette fois-ci si je me trompe, d’accord ? Vous êtes donc celui qu’on appelle « le chien des enfers » ? Mais vous n’avez rien d’un chien... sans vouloir vous offenser »

C’était tout naturel pour elle de poser des questions, mais parfois elle était tellement enthousiaste qu’elle en oubliait presque de tenir sa langue de demoiselle. Elle avait tout d’une gamine et pourtant, portait des responsabilités si grandes pour son âge qu’on pouvait se demander comment elle faisait pour posséder encore tous ses moyens et... toute sa tête. Cela dit, parfois, on pouvait également se demander si elle avait réellement toute sa tête. Ils s’étaient arrêtés de marcher, mais Miho n’avait pas vraiment envie de s’arrêter là et elle supposait d’ailleurs que le jeune homme ou plutôt le cerbère allait se régaler à l’idée de la voir parler à d’autres animaux... pourvu qu’elle soit discrète cependant.

« Dites, j’imagine que vous devez vous ennuyez à force de contrôler qui entre qui sort ? »

Une autre question, la nipponne n’avait effectivement pas sa langue dans sa poche, mais c’était surement au plus grand plaisir de la créature qui ne devait pas causer bien souvent, du moins, à en croire ce qu’elle était en train de vivre la demoiselle sourit, contente qu’il sorte un peu et qu’il soit souriant. Elle avait imaginé cette créature mythologique beaucoup plus féroce et cruelle et au final était en train de lui parler, de le trouver charmant et sa compagnie fort agréable... que c’était étrange.

« Comme quoi les mythes sont bien souvent infondés, c’est assez bien ça »

Elle soupira, légèrement anxieuse. La fin du monde était proche elle n’avait pu l’ignorer, lisant quelques bêtises et les faisant coïncider avec ce qu’elle savait déjà sur les anges et les démons, sur ce monde... sur ce qu’il allait advenir de lui. C’était une question intéressante à poser, mais dire que le monde se meurt et qu’elle aurait voulu que cette croyance soit infondée... c’était peut-être un peu trop pour une première rencontre. Miho préféra se taire, observant le jeune homme en essayant de changer son humeur soudainement un peu moins vive, ce qui allait surement réussir étant donné sa volonté de fer !

« Alors, que faisons-nous maintenant ? On va où ? Il y a plein d’endroits que l’on n’a pas visités ici ! »

L'avantage quand on était une créature, plus puissante que toutes les autres créatures surnaturelles – ou peu s'en fallait – c'était que personne ne venait vous dire que vous ne pouviez pas faire cela, que vous deviez faire ceci. Résultat, Kero pouvait globalement faire tout ce qu'il voulait. Tant que ça ne rentrait pas en conflit avec ses obligations « professionnelles ».
Ce qui expliquait qu'il n'ait pas hésité à révéler à Miho que lui-même n'était pas humain. Comme dans la plupart de ses rapports avec les humains, c'était sa curiosité et son désir de rompre la monotonie des siècles qui dictaient ses paroles.

« Ah, c’était donc ça ! Ne vous moquez pas cette fois-ci si je me trompe, d’accord ? Vous êtes donc celui qu’on appelle « le chien des enfers » ? Mais vous n’avez rien d’un chien... sans vouloir vous offenser »

Eh bien, ce n'était pas la réaction qu'il attendait. Pourtant, il devrait l'avoir compris, qu'il ne fallait pas avoir d'idées préconçues à propos des humains. Ils passaient leur temps à les détruire. C'était ce qui faisait qu'il aimait passer du temps avec eux. Vous ne pouviez jamais être sûrs de ce qu'ils allaient faire, de ce qu'ils allaient dire. C'était agréablement rafraîchissant, face aux Démons et autres Anges avec leurs carcans imposés par Dieu ou leur Prince.

« Je n'ai jamais beaucoup aimé ce surnom, mais oui, c'est moi. Quelqu'un a pensé que puisque j'étais lié à une porte, c'était une bonne analogie, même si, comme vous l'avez remarqué, je n'ai aucun trait canin. »

Et puis, « le chien des Enfers », c'était l'idée qu'une certaine personne se faisait d'une bonne blague. Autant dire que si Kero avait su qui avait lancé l'expression, il la lui aurait fait ravaler.

« Dites-moi, vous n'avez pas l'air d'être surprise... »

C'était tout de même surprenant. Elle aurait dû lui rire au nez. Déjà, elle n'avait pas cillé à la mention de Lucifer, elle avait cru qu'il était un Démon... Ca faisait beaucoup de coïncidences. L a seule explication à peu près plausible, c'était que quelqu'un avait brisé les règles avant lui et lui s'était révélé devant elle. A moins qu'elle ne fasse tout simplement partie de ces humains qui croyaient que les démons et les anges existaient réellement.

« Dites, j’imagine que vous devez vous ennuyez à force de contrôler qui entre qui sort ?
Cela dépend des jours. Certaines fois il y a beaucoup de passage, je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Mais il est vrai que c'est assez lassant, à force. C'est dans ces moments là que j'aime bien me promener dans les rues de Tokyo. Il y a beaucoup de choses à y faire. J'y ai rencontré des gens très biens, comme vous. »

Décidément, elle n'était vraiment pas timide. Bon, ça ne le dérangeait pas non plus, mais ses questions incessantes ne cessaient de le surprendre. Il aurait bien aimé rentrer dans sa tête pour voir à quoi ça ressemblait à l'intérieur. Elle n'exprimait pas de peur quand les autres humaines se seraient probablement enfuies, elle parlait beaucoup, elle parlait aux animaux, elle avait l'air innocente... Kero était prêt à parier qu'elle était seule dans son genre.

« Comme quoi les mythes sont bien souvent infondés, c’est assez bien ça »

Et maintenant elle parlait toute seule. A moins que sa réflexion ne s'adressait à lui ? Auquel cas Kero n'avait absolument aucune idée de ce à quoi elle pouvait bien faire référence. Ce qui limitait grandement les réactions possibles. Alors plutôt que de dire quoi que ce soit, il préféra l'observer elle. Il ne manqua pas le soupir qui franchit ses lèvres ni le changement dans son expression. Des lèvres un peu plus pincées, les yeux un peu moins joyeux... Manifestement, quelque chose la contrariait. Quant à savoir de quoi il s'agissait, c'était un autre problème. Il n'osa d'ailleurs pas lui poser la question, il ne s'en sentait pas vraiment le droit. Alors bien que sa curiosité soit piquée – encore une fois – il se contenta d'écouter sa question – encore une ! - suivante et d'y répondre.

« Alors, que faisons-nous maintenant ? On va où ? Il y a plein d’endroits que l’on n’a pas visités ici !
Eh bien continuons notre visite ! Je ne suis jamais venu ici donc c'est à vous de me guider ! Quelle partie du zoo préférez-vous ? »

À l’appellation employée par la demoiselle, forcément, Kero ne sourit pas, ce qui était tout à fait compréhensible. Sauf que la demoiselle en question ne pensait pas à mal, elle essayait simplement de mettre une image sur ce personnage mystérieux qui apparemment était bel et bien réel, de chairs et d’os, comme elle, du moins sous cette forme. Elle se mordit la lèvre, réfléchissant à ce silence soudain, qui pourtant était très naturel. Finalement, le jeune homme lui indiqua qu’il n’aimait pas ce surnom et elle comprit, confuse, bégayant sans vraiment parvenir à bredouiller ses excuses.

Une nouvelle question fusa et elle retrouva son sourire, pouvant de nouveau respirer normalement, ayant eu peur de l’avoir vexé. À proprement parler elle n’avait pas peur de lui, non, simplement, elle aurait voulu ne pas le blesser étant donné qu’il avait déjà été bien gentil de l’accompagner.

« Ah… c’est parce que mon don… me permet de ressentir le danger. Je ne saurais vous dire, je parle à des animaux et c’est comme si instinctivement, je pouvais sentir le danger, un des sens qu’ils possèdent. Et aussi la raison pour laquelle je n’ai pas peur de vous ! »

Un petit sourire amusé se dessina sur son visage, puis elle profita de son bien-être pour pouvoir enfin lui dire qu’elle ne pensait pas à mal.

« Pour ce que j’ai dit… je voulais juste savoir si c’était ça mais… je maintenant que je vous connais je peux comprendre que ce soit vexant. Je me demande bien qui vous a fait cette blague… mais excusez-moi, je ne voulais pas être impolie »

Se tortillant nerveusement les doigts, elle ne sut plus trop quoi dire. Sans doute poser des questions n’était pas appropriée, mais au moins elle resterait dans le sujet et montrerait qu’elle s’y intéressait vraiment. La poupée était ainsi, très curieuse et à la fois tellement intéressait qu’on n’en pût plus de ses questions qui n’en finissaient pas ! Un compliment fusa et les joues de la demoiselle s’enflammèrent, juste parce qu’il était encore une fois très gentil. Elle se doutait bien qu’il n’y avait pas que ça, que si véritablement il en aurait eu envie, il aurait pu lui briser le coup en l’effleurant à peine, car pour garder la porte des enfers il fallait être fort… plus que la plupart des anges et des démons de cette terre !

« M-merci beaucoup, je suis contente de vous avoir rencontré aussi ! Et puis contente que notre petite balade puisse vous occuper. Si vous avez du temps ou que vous vous ennuyez, n’hésitez pas ~ »

Comme une enfant, elle faisait une proposition à ce presque inconnu, pas si méconnu que ça et qui plus est qui n'avait plus de ressemblance avec elle que n’importe quel autre humain normal. Pourquoi ? Parce que la Nipponne était spéciale et parce que ce jeune homme, du moins créature qui en avait l’apparence… l’était lui aussi et ne cherchait qu’un peu de divertissement sans se mêler d’autres affaires que les siennes. Neutre, en somme, c’était le mieux que l’on pouvait attendre aux yeux de la lycéenne.

Le temps passait et finalement vint le moment de prendre une autre direction. Mais elle préféra demander au jeune homme qui répondit par une autre question ! Avec un petit sourire, la Nipponne attrapa le poignet du « touriste » sans trop de violence et l’entraina alors vers les domaines réservés aux créatures aquatiques. Choses amusantes, c’était qu’avec cette chaleur naissante, ils allaient se faire arroser par les dauphins ~ une des créatures que Miho préfère le plus.

« Les dauphins sont vraiment très beaux et très intelligents ! Pas seulement eux, mais, des mammifères marins ce sont eux que je préfère. Et vous ? Vous aimez quels animaux ? Vous préférez lesquels ? »

Une folle envie de lui demander s’il en avait pris la petite humaine, mais elle ne préférait pas, ayant déjà dit une bêtise auparavant qui aurait pu être offensante si elle l’avait réellement pensé.

//désolé j'ai mis du temps, mais j'ai répondu, enfin ! ^^//

j'attendais ta réponse avec impatiente mais, je n'ai pas de nouvelle, tu ne réponds pas aux mps ni de Chuchu, ni de Miho TTwTT, je suis donc obligée d'avancer quand même